Une rencontre à Gao, pourquoi ?
Les passages par les routes du désert saharien ont donné lieu à des situations dramatiques pour les candidats à l’émigration, du fait de l’engagement des États du Maghreb d’endiguer, sur incitation de l’Union européenne, les flux migratoires subsahariens vers l’Europe (fermeture du Détroit de Gibraltar, des enclaves espagnoles, de Lampedusa, de Malte, des îles Canaries, etc.), sans concéder aucune contrepartie en termes d’installation ni même d’accueil dans ces pays dits de transit.
Devant l’impossibilité d’atteindre l’Europe, beaucoup de ces émigrants se retrouvent aujourd’hui bloqués dans le Maghreb. Ils y survivent cachés, « piégés » (car ne pouvant ni avancer ni retourner) et sujets à des brimades quotidiennes, à la xénophobie et aux violations de droits humains, dans des pays qui ne sont pas dotés juridiquement de politiques d’immigration établies et où tant les pouvoirs publics que l’opinion demeurent encore réticents à toute approche migratoire ouverte. Les migrants, dont la situation sociale et juridique se dégrade chaque jour un peu plus, s’adressent en priorité aux réseaux locaux d’Église pour demander un appui ou une première assistance.
C’est dans ce contexte que certains partenaires du Programme Migrants du CCFD-Terre Solidaire se sont engagés dans un accueil de proximité de ces centaines de déshérités, et progressivement dans l’accompagnement des plus vulnérables d’entre eux ; d’abord seuls dans leurs localités, puis collectivement dans plusieurs pays de la sous-région.
Une première rencontre de coordination de leurs actions s’est tenue à Tamanrasset (Sud de l’Algérie) en décembre 2006, à l’initiative de l’association algérienne Rencontre et Développement. Elle fut consacrée au partage des informations, à la mutualisation des moyens d’accueil et à l’échange d’expériences entre les réseaux d’Église algériens et maliens, sur les conditions de vie et de circulation des migrants en situation d’impasse dans la zone Maghreb-Sahel.
Leur objectif était d’abord de mettre en place une coordination opérationnelle, susceptible de prendre en charge les migrants subsahariens qui souhaitent regagner volontairement leurs pays d’origine. Il en résultera un embryon de dispositif d’appui coordonné et une « chaîne de relais d’accueil » d’Alger à Bamako ou Niamey via Gao, pouvant sécuriser le parcours du retour contre policiers et passeurs et favoriser un acheminement à bon port, vers le pays de destination choisi. Une douzaine de représentants de relais locaux et trois membres du CCFD-Terre Solidaire ont participé à cette initiative.
Une deuxième rencontre s’est tenue en octobre 2009 à Gao, au Nord du Mali. Elle a accueilli des acteurs de terrain de six des principaux pays africains et maghrébins où transitent les migrants subsahariens (Algérie, Maroc, Mali, Mauritanie, Niger et Sénégal).
La Rencontre de Gao a eu pour objectifs
-> de permettre aux associations de se constituer en réseau,
-> de mieux organiser leur communication interne et la prise en charge des publics vulnérables qui font appel à leurs services,
-> de sécuriser et de sanctuariser un dispositif d’appui aux retours vers les pays d’origine par la route, à travers les multiples relais, dans une zone particulièrement risquée pour les migrants du fait de la présence des forces policières et militaires, des passeurs et de réseaux de transporteurs mafieux,
-> de décentraliser vers le sud et d’élargir le réseau des relais en y incluant les principaux pays-carrefours que sont la Mauritanie, le Niger et le Maroc, et en prenant en compte des routes de passage nouvelles comme celle du Sénégal.
Il s’est agi cette fois-ci d’aller plus en avant, en décentralisant le dispositif jusque-là centré sur l’Algérie et en mettant les acteurs du Sahel au cœur de la chaîne. Un des défis majeurs est en effet de renforcer les actions des relais subsahariens, en particulier la Caritas de Gao, devenue un des piliers du dispositif grâce à l’ouverture en 2009 de la Maison du Migrant, exemple phare d’un accueil migrants inédit dans cette région, qu’il s’agira de consolider et de démultiplier si possible, dans d’autres localités. Le réseau européen Migreurop, partenaire du CCFD-Terre Solidaire qui se mobilise contre les dérives des politiques migratoires européennes, notamment dans les zones frontières des pays de l’UE, a participé à cette initiative.
Enfin, le CCFD-Terre Solidaire y a été fortement présent pour marquer pleinement sa solidarité avec ces populations démunies et vulnérables et pour réaffirmer son engagement de justice, en partenariat avec les réseaux locaux de partenaires et de l’Église catholique impliqués sur cette thématique prioritaire des migrations internationales. Le président du CCFD-Terre Solidaire a personnellement participé à la rencontre.
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