Une rénovation qui reste à accomplir

Publié le 01.03.2013

FDM : Comment abordez-vous les 50 ans du concile ?

Mgr Rouet : Nous célébrons l’anniversaire du début du concile, non sa clôture ! Sa mise en œuvre est toujours en cours. N’oublions pas que le pape Jean XXIII, dans son discours d’ouverture, a parlé d’un aggiornamento, c’est-à-dire d’un renouveau de l’Église. Cette rénovation reste à accomplir. Ce concile revient aux sources premières de l’Écriture et de la tradition des Pères de l’Église, en tenant compte de la situation des êtres humains et en portant une grande attention aux espoirs qui les animent.

Quel est, pour vous, l’apport le plus fondamental de Vatican II ?

L’Église ne se définit plus comme une société rivale du monde mais comme un
sacrement qui indique plus grand qu’elle-même : le Royaume de Jésus-Christ. C’est un retour au baptême du peuple de Dieu tel que saint Paul l’envisageait. Nous sortons ainsi d’une situation héritée du Moyen Âge : une Église très hiérarchisée conçue comme une société parfaite face au monde. En revenant à une conception sacramentelle de l’Église, nous redécouvrons l’égalité des baptisés, dans la diversité des ministères : chacun a sa part dans la construction et les missions de l’Église. Cette conception entraîne aussi la reconnaissance que le Bien, et les valeurs qui s’y rattachent existent en dehors de l’Église. Cette dernière doit apprendre à recevoir et donc à dialoguer avec le monde. Elle doit être capable d’une attitude fraternelle envers tous les êtres humains, croyants ou non. Cette posture que Vatican II a voulu donner à l’Église est extrêmement neuve.

D’où viennent l’espoir et l’élan suscités par Vatican II ?

Ce concile a d’abord été une surprise. Le début des années 1960 est marqué par le face-à-face Est-Ouest et des confrontations idéologiques (marxisme, existentialisme…) qui témoignent d’une vaste recherche intellectuelle dans laquelle l’Église peine à se situer. Voilà pourtant que l’Église catholique décide de faire le point et de se rénover.

Ce concile a soulevé une grande espérance sur le plan religieux et bien au-delà : en ouvrant une voie nouvelle, centrée sur la rencontre et le dialogue, il affirme que l’humanité n’est pas condamnée à l’affrontement.

Au sein de l’Église catholique, Vatican II a été une expérience fondatrice, car il ne s’est pas situé dans la théorie mais dans la foi. En partant de la réalité de la vie de leur peuple, les évêques, pourtant très semblables dans leur formation, ont partagé leurs différences. L’Église catholique a commencé à se désoccidentaliser et à se décentrer d’elle-même. Cette nouvelle manière de se situer, dans l’Église et dans le monde, a suscité un élan considérable. Il est porté par un espoir véritable, car il reprend une visée théologique fondamentale : l’espérance que Dieu porte à sa création.

Vatican II a-t-il encore à nous dire pour aujourd’hui ?

Au début des années 1960, le monde était aussi en crise, secoué par des tensions internationales (la division entre les deux blocs, les guerres d’indépendance) et les problématiques soulevées par le progrès technique et le développement économique.

L’Église catholique apparaissait alors très fermée sur elle-même, presque étrangère au monde moderne. Vatican II a cassé cette image. L’Église s’est montrée capable ’accompagner, dans le sens de la justice et de la paix, le bouillonnement d’une humanité en train de naître. La crise actuelle n’est pas identique à celle des années 1960, mais son acuité est tout aussi grande. Face à ces difficultés, certains sont tentés par un retour en arrière parce qu’ils ne voient pas d’avenir. Or, Vatican II nous dit qu’il y a un avenir. Il nous faut retrouver l’énergie et l’espérance qui ont porté le concile, dès son lancement.

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