Convaincre les pouvoirs publics français et européens de changer leurs stratégies au Tchad

Publié le 01.12.2008| Mis à jour le 08.12.2021

Une délégation de nos partenaires tchadiens du Comité de Suivi de l’Appel à la Paix et à la réconciliation Nationale au Tchad, ou CSAPR, est en France pour une semaine du 2 au 8 février 2009. Menée par Delphine DJIRAIBE, Tenebay MASSALBAYE Michel BARKA, cette délégation vient en France pour tenter de convaincre les pouvoirs publics français et européens de changer leurs stratégies au Tchad.

Le Tchad est un pays en conflit permanent depuis plus de 30 ans. En 2002, plus de 150 acteurs de la vie publique (ONG, syndicats, Eglise, partis politiques…) se sont rassemblés et ont cherché à faire ressortir les causes de la situation de non-paix quasi-permanente au Tchad. Au terme de cette journée et face au refus du parti au pouvoir (MPS) de prendre part aux débats, les participants ont décidé de mettre en place un processus de négociation collective afin de poser les bases politiques de la construction d’une paix véritable dans le pays. Un Appel à la paix et à la réconciliation a été lancé auprès des acteurs de la vie sociale et politique afin de proposer des voies de sorties de crise. Le CSAPR -Comité de suivi de l’appel à la paix et à la réconciliation nationale au Tchad était né.

Le CSAPR agit pour une paix durable au Tchad
Le CCFD-Terre solidaire soutient financièrement le CSAPR depuis 2002 pour lui permettre de jouer  son rôle de mobilisation sociale et politique dans la recherche d’une paix durable. Depuis 2005, le CCFD et le CSAPR mènent, ensemble, chaque année, des campagnes d’interpellation des pouvoirs publics français et européens ayant pour but de dénoncer leur soutien politique, diplomatique et militaire au régime tchadien et de les amener à prendre en considération les propositions de sortie de crise de la société civile tchadienne. Dans le cadre de ce partenariat, le CCFD, en lien avec l’Acat et Survie, ont organisé de nombreux rendez-vous au niveau de l’Elysée, du Ministère des Affaires Etrangères, du parlement français (Assemblée et Sénat) et au niveau de l’Union européenne. Plusieurs conférences de presse avec le CCFD ont permit  au CSAPR de présenter ses analyses et ses propositions aux journalistes de la presse française et africaine basée à Paris.

Un appui logistique et financier après les troubles de 2007-2008
En 2008, le CCFD a apporté un large soutien aux acteurs de la société civile tchadienne après l’attaque de la capitale par plusieurs mouvements rebelles et suite à la réaction disproportionnée du pouvoir tchadien. Le CCFD a aidé son partenaire camerounais, le BASC-Caritas nationale du Cameroun, à mettre en place un projet d’urgence en direction des milliers de tchadiens réfugiés au Cameroun. Le CCFD a également aidé à la prise en charge de nombreux militants de la société civile réfugiés en France, en Europe et en Afrique. Un projet de 45 000 € financé par des organisations allemandes et par le CCFD a été mis en place pour cela et pour permettre à ces militants, notamment ceux du CSAPR, de mener une grande action de plaidoyer en Europe. Ainsi, de février à mai 2008, nos partenaires ont rencontré plusieurs fois des décideurs français à l’Elysée, de hauts responsables de la Commission européenne, le parlement des Pays-Bas, le gouvernement allemand et suisse et un grand nombre d’autres acteurs de la diplomatie européenne.

Pourquoi le CSAPR vient en Europe aujourd’hui
Pourquoi cette mission aujourd’hui ? Un an après les événements de Ndjamena, il est apparu important de faire le bilan de l’action de la France et de la Commission européenne au Tchad et d’en informer les décideurs comme l’opinion publique française. Dès 2006, la France comme la Commission européenne d’ailleurs, avaient soutenu le gouvernement tchadien  et avaient développé une stratégie de sortie de crise basée sur trois dimensions :
• Eviter la contagion du conflit au Darfour au Tchad,
• Mettre fin au conflit que se livrent le Tchad et le Soudan par mouvements rebelles interposés et
• Favoriser un dialogue politique national au Tchad.

Pour cela, la France a tout fait pour la réussite du déploiement de l’EUFOR sur la frontière soudano-tchadienne et, après les événements  de Ndjamena, a appelé publiquement les autorités tchadiennes à mettre en œuvre de manière effective les accords politiques signés en août 2007 entre le régime et l’opposition démocratique.

Un bilan sévère
Depuis février dernier, le bilan est le suivant :
– La Commission nationale d’enquête sur les événements de février 2008 a démontré que l’armée nationale tchadienne avait mis en place une action concertée visant à enlever les 5 principaux leaders de l’opposition démocratique et que la responsabilité de cette action en  revenait aux plus hautes sphères du pouvoir tchadien. Elle accuse donc implicitement le Président tchadien de la responsabilité de la mort hautement présumée du leader de la principale coalition de l’opposition.
– Cette même Commission démontre que la plupart des graves atteintes aux droits de l’homme commises durant cette période l’ont été par les forces de sécurité et de défense tchadienne.
– La force européenne déployée depuis 2007 dans l’est du Tchad a échoué à ramener la paix dans cette région et à empêcher les rebelles tchadiens et soudanais de franchir les frontières.
– Les accords politiques signés en août 2007 entre le pouvoir et l’opposition légale comme levier d’un retour à la paix sont un échec.
– Le surarmement du Tchad avec l’argent du pétrole, qui aurait dû en principe être affecté aux secteurs sociaux prioritaires s’est poursuivi.  

Le CSAPR veut démontrer le caractère irresponsable du régime tchadien qui met en œuvre des politiques en faveur de la guerre. Il veut également demander à la France et à l’Europe de changer de stratégie en faveur d’un dialogue national associant tous les acteurs de la crise en vue de poser les bases d’un large consensus politiques pour une paix durable.

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