Au Niger, le déficit brut céréalier est estimé à près de 700 000 tonnes
Le 8 février 2012
« Octobre 2011 : Afrique Verte, dans le Point situation alimentaire du 15/10/2011, exprime ses premières inquiétudes concernant l’issue de la campagne agricole au Sahel, notamment au Niger. Fin octobre, Afrique Verte engage ses premières actions d’atténuation de la crise (répartition de stocks) avec l’appui financier de la Commission européenne. Au Niger, l’Etat et ses partenaires spécialisés dans la sécurité alimentaire, se mobilisent.
Novembre 2011 : Les spécialistes confirment que les récoltes sont mauvaises. Afrique Verte constate que les prix des céréales sont à la hausse, ce qui est très inquiétant à cette époque de l’année (Point situation alimentaire du 15/11/2011). Afrique Verte prépare l’organisation d’une bourse aux céréales internationale à Bamako afin d’approvisionner les zones déficitaires.
Décembre 2011 : Les prévisions de récoltes se précisent : en dehors du Mali, tous les pays du Sahel prévoient des déficits céréaliers. Les récoltes ne couvriront pas les besoins nationaux.
Au Niger, le déficit brut estimé par le CILSS s’élève à 450.000 tonnes de céréales (12% des besoins nationaux). Le chiffre annoncé par le Niger atteint 520.000 tonnes (13% des besoins).
Afrique Verte organise, avec l’appui financier du CCFD, la bourse internationale aux céréales de Bamako : sur les 50.000 tonnes de céréales achetées, 40.000 tonnes le sont par des acteurs du Niger (dont 27.000 tonnes en provenance du Nigeria).
L’État du Niger annonce qu’il mobilise déjà 46.500 tonnes de céréales. Des achats complémentaires, difficiles à chiffrer, sont annoncés par l’État et ses partenaires.
Janvier 2012 : Les prévisions de récoltes sont revues. Il n’y a pas de modification au Mali (excédent de 550.000 tonnes de céréales) ni au Burkina (déficit de 32.000 tonnes).
Par contre au Niger, les estimations sont à la baisse : le déficit est de 692.500 tonnes. Le temps de l’urgence est arrivé. Ce déficit représente 18% des besoins du pays ; en 2005, le déficit était de 15%.
La différence entre 2005 et 2012 ne se résume pas à 3 points de statistique : les nigériens se paupérisent de crise en crise, après 2005, celle de 2008 (crise mondiale et non crise de sous production), puis celle de 2010 et de nouveau aujourd’hui en 2012. Et cette année, l’Afrique de l’Ouest ne pourra pas combler ce déficit.
Nous ne pouvons plus dire aujourd’hui que l’État nigérien n’a pas donné l’alerte, nous ne pouvons plus dire que les systèmes d’alerte et les partenaires n’ont pas joué leur rôle.
Que faire alors ? Le problème est complexe lorsque l’on sait que le Niger souffre les bonnes années de « crises de surproduction » : excédent de 400.000 tonnes de céréales en 2008.
Mais cette année, tous les acteurs concernés sont inquiets devant un déficit d’une telle ampleur. L’État, les partenaires, les ONG dont Afrique Verte, ni même nos amis urgentistes, ne peuvent transporter 692.500 tonnes de céréales ce qui représente une colonne de 17.000 camions, s’étirant sur 425 km !
Les solutions sont à court, moyen et long termes : approvisionner, sécuriser la production par l’irrigation, améliorer le stockage, renforcer les échanges. Tous les acteurs doivent coordonner leurs forces, personne ne sera de trop pour tenter de juguler cette crise majeure. »
Afrique Verte
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