Mali : ruée sur les terres irrigables de l’Office du Niger

Publié le 14.06.2012| Mis à jour le 08.12.2021

La conférence internationale « Stop à l’accaparement des terres » organisée par la Via Campesina, présente la problématique de l’accaparement des terres dans le contexte international.

Nyéléni au Mali « Ruée sur les terres irrigables de l’Office du Niger »

Au Mali, des accords portant sur plusieurs centaines de milliers d’hectares de terres agricoles de l’Office du Niger ont été signés entre le gouvernement et des investisseurs privés ou publics. Mal informée et rarement consultée, la population subit aujourd’hui les premières conséquences de ces grandes manœuvres foncières…

« Ruée sur les terres irrigables de l’Office du Niger »

 » L’accaparement des terres s’est accéléré ces dernières années et a fait l’objet de nombreuses communications, séminaires, ateliers ! Cette phase nécessaire doit aussi être concrétisée ! Il faut agir, soutenir les communautés paysannes qui subissent elles sur le terrain ! Le foncier, l’eau, les ressources naturelles, le patrimoine génétique sont de plus en plus convoités pour spéculer. Crise oblige ! Ces biens communs, vitaux pour l’humanité et la planète se retrouvent au centre de stratégies qui modifient sur le plan culturel, social, alimentaire, écologique des milliers d’hectares sur de nombreux territoires. Les communautés paysannes sont les premières lésées. Ces accaparements se font sous multiples formes, le plus souvent avec la complicité des élites elles mêmes, sans aucune concertation avec les populations locales. Ce sont à la fois, la paix sociale et la souveraineté alimentaire voire la souveraineté des Etats qui sont remis en cause ! Comme le souligne un rapport controversé et non rendu public de la Banque mondiale obtenu par une fuite[[Financial Times (27 July 2010)]] « les consultations avec les populations locales sont très faibles… Les conflits sont chose commune et portent habituellement sur le foncier « .

L’accaparement de terres n’est pas un phénomène nouveau

Particulièrement dans la zone de l’Office du Niger au Mali. Ses délimitations ont été tracées en son temps par les colons français, mais son accélération à grande échelle, l’est. La volonté de l’Office du Niger, dont les terres sont propriétés de l’Etat, de s’ouvrir aux « grands privés » date de 1994 époque où son statut d’espace nationalisé passe à un statut d’établissement public et commercial pour offrir des « opportunités ». Devenues valeur refuge foncier et source d’approvisionnement agricole, les terres sont cédées massivement auprès de différents acteurs après les crises du crédit immobilier et de la crise alimentaire de ces dernières années C’est du banditisme d’Etat dénonce le président de la Coordination Nationale des Organisations Paysannes, Ibrahima Coulibaly.

La première convention à grande échelle par un investisseur étranger, Khadafy, date de 2004, connue sous le nom de Malibya pour 100 000ha, d’autres suivront pour atteindre aujourd’hui une demande couvrant prés de 800 000ha, selon le recoupement d’informations, peu disponibles.

Un instrument politique

Cette zone qui a toujours eu comme ambition de devenir le grenier de l’Afrique, et pourrait l’être, n’a cessé d’être un instrument politique au gré des gouvernements, le plus souvent coercitif pour la paysannerie. Le résultat aujourd’hui est que les exploitations agricoles familiales sont mises de plus en plus à mal tant sur le foncier sans statut pérenne et qui se réduit d’année en année, que sur l’accès à l’eau. Le choix étatique d’une agriculture industrielle avec sa cohorte de dégâts tant social, culturel, écologiques, menace les territoires et leur population. A qui profite le crime ?

Alors qu’actuellement et depuis des siècles l’agriculture familiale nourrit le peuple, elle est aujourd’hui reléguée au statut de production sociale par le Mali, alors que, même la Banque mondiale2 défend cette agriculture , mieux à même de répondre aux intérêts de l’ensemble de la société que l’agriculture à grande échelle.

Au pays où la charte du Mandé, surement une des premières charte des Droits de l’Homme est née en 1236, il est temps aujourd’hui qu’ « à l’adresse des oreilles du monde tout entier », et notamment au gouvernement du Mali, le peuple malien et plus particulièrement, les paysannes et paysans spolié-e-s se défendent et aient droit au respect de vivre dignement sur leurs terres.

La société civile se mobilise

Sur le terrain les premiers travaux d’aménagement se font, sous la garde de gendarmes ou de vigiles, au grand dam des paysannes et paysans. La résistance s’organise. le Forum Paysan de Kolongo, village où les travaux Malibya se font et à l’initiative des organisations paysannes soutenues par la société civile, a mobilisé le 20 novembre 2010, malgré menaces et pressions, 2000 paysannes et paysans, qui ont pu exprimer leur souffrance et leur volonté de lutter. Un comité de suivi a été mis en place. La feuille de route est écrite des actions judicaires au plaidoyer, du soutien local au soutien international, de l’interpellation des élu-e-s à l’intervention de personnalités des moyens sont en train de se mettre en oeuvre, afin de stopper cette dépossession, de compenser les dégâts matériels et immatériels et d’assurer un avenir digne aux communautés dans le cadre de la souveraineté alimentaire. »
Rapport : L’accaparement de terres à grande échelle au Mali dans la zone Office du Niger

Aller plus loin

L’agrobusiness à l’assaut des terres irriguées de l’Office du Niger (Florence Brondeau / Cahiers agricoles n°20, janvier-avril 2011). Des programmes d’aménagement colossaux sont entrepris dans les systèmes irrigués de l’Office du Niger et laissent augurer des mutations sans précédent. L’État malien et ses partenaires s’engagent vers la promotion de l’agrobusiness et la privatisation du foncier. Le modèle de développement agricole fondé sur l’agriculture familiale semble donc être remis en question. Cette région est à l’aube de recompositions socio-spatiales et de désajustements tant socio-économiques qu’environnementaux que l’on commence tout juste à pressentir. Dans ce contexte, de nombreuses questions doivent être soulevées quant aux perspectives de développement de ces systèmes irrigués alors que de sérieuses réserves sont à avancer quant à la vocation de l’agrobusiness à sécuriser l’approvisionnement alimentaire du Mali et des pays voisins…

Déclaration de la Conférence paysanne internationale de Nyéléni (Via Campesina). Nous, paysannes et paysans, pastoralistes, peuples autochtones ainsi que nos alliés, réunis pour la première fois à Nyéléni du 17 au 19 Novembre 2011, sommes venus des quatre coins du monde pour partager nos expériences et nos luttes contre l’accaparement des terres…

Comprendre les investissements fonciers en Afrique : Rapport Mali (Oakland Institute). Ce rapport recense et examine les investissements fonciers au Mali. Il présente des informations d’ordre général sur le contexte institutionnel et politique du pays notamment la situation macroéconomique actuelle, l’état de l’alimentation et de l’agriculture, et le climat actuel des investissements. En outre, il fournit des informations détaillées sur quatre accords d’investissements fonciers en cours au Mali.

Farmlandgrab. Ce site Internet contient principalement des articles d’actualité sur la ruée mondiale sur les terres agricoles étrangères qui peut prendre la forme d’achat ou de bail. Ces acquisitions sont une stratégie destinée à garantir l’approvisionnement en denrées alimentaires de base ou ont tout simplement pour but de faire des bénéfices. L’objectif du site est de servir de source d’information à tous ceux qui suivent ou font des recherches sur la question, notamment les activistes sociaux, les organisations non gouvernementales et les journalistes.

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