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Roms et bénévoles invitent à un repas partagé près de Grenoble

Publié le 22.06.2015| Mis à jour le 08.12.2021

Un groupe de solidarité d’une paroisse de la banlieue grenobloise et des familles Roms ont organisé ensemble un repas auquel ils ont invité la population locale, mais aussi l’évêque, des représentants de la mairie, et des associations. Cette initiative, qui a rassemblé une centaine de personnes, montre qu’un autre regard et d’autres relations sont possibles


Pas de doutes. Pour Philippe Würgel, bénévole du réseau thématique Rom du CCFD-Terre Solidaire[[Initiés à partir de 2008, les réseaux thématiques regroupent des personnes désireuses d’approfondir et de se « spécialiser » sur une thématique particulière. Ces réseaux couvrent toute la France et concernent des sujets tels que « Palestine-Israël », « Finances solidaires », « Migrations internationales », « Grands Lacs » ou encore « Responsabilité sociétale des entreprises »…]], cette journée du 9 mai 2015 fut un succès. D’autant plus remarquable qu’une centaine de personnes, dont Guy de Kérimel, l’évêque du diocèse de Grenoble, trois adjoints au maire de Fontaine, membres du Parti communiste, des représentants de la diaconie et d’associations comme Roms Action, Un Toit pour tous ou le groupe local du CCFD-Terre Solidaire, avaient répondu présent.
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La raison de cette réunion si œcuménique ? Un repas organisé et préparé conjointement par le groupe solidarité de la paroisse Saint-Michel-du-Drac de Fontaine, dans la banlieue grenobloise, et des familles Roms installées dans un campement proche de cette paroisse.
Un campement qui, il y a un an, le 20 mars 2014, disparaissait en grande partie dans un incendie. Réduisant à néant les maigres possessions de la soixantaine de Roms qui vivaient là sédentarisés depuis une bonne demi-douzaine d’années.

L’incendie du campement a enclenché un élan de solidarité

Un accident – un acte de malveillance ne pourront s’empêcher de penser certains –, qui avait immédiatement déclenché « un élan de solidarité assez surprenant » dont témoigne Philippe Würgel, aussi membre de Roms Action[[Née en 2003, Roms Action assure un accompagnement social spécialisé auprès de la population Rom et lutte contre les discriminations et la xénophobie dont elle est victime. L’association travaille avec le CCFD-Terre Solidaire au sein du collectif Romeurope]]: « L’Église catholique a réagi de façon très positive en lançant un appel à dons, des associations se sont mobilisées pour trouver du matériel, quant à nous, nous avons apporté un accompagnement technique et administratif à ces familles. »
Cette réaction témoigne du long travail de sensibilisation de la population locale initié par le groupe de solidarité de la paroisse de Fontaine. Mais aussi d’une certaine « convergence entre les responsables politiques locaux et les militants associatifs », affirme Philippe.

Les collectivités locales s’investissent

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C’est que, si la situation des Roms dans la région grenobloise est « mauvaise », elle est cependant « moins pire qu’ailleurs », semble-t-il. Le maire de Fontaine, membre du Parti communiste, se montre « bienveillant avec les élus qui bossent au quotidien avec les Roms pourvu que ce soit discret » – pas question de froisser l’électorat –, et le Centre communal d’action sociale (CCAS) de Grenoble, le deuxième de France de par son effectif, est, depuis 2013, à l’initiative d’une M.O.U.S.[[Gérée par le CCAS, la Maîtrise d’œuvre urbaine et sociale (M.O.U.S.) vise à apporter un soutien sur les questions d’accès aux droits, à l’hygiène, à la santé, à la scolarisation, à la réduction de l’habitat précaire et à l’insertion au travail. ]] axée uniquement sur la question de l’accompagnement et l’insertion des Roms.
« L’intérêt de la Mous, c’est que l’État participe à hauteur de 50 % au budget du projet. Du coup, des moyens importants sont mis à disposition du CCAS qui, s’il reste maître d’œuvre, fait appel à des “spécialistes”, dont Roms Action et d’autres associations, notamment sur la question de l’insertion par le travail », détaille Philippe.
Alors certes, « tout n’est pas rose ». Il en veut pour preuve l’existence d’un « bidonville de quatre cents personnes à l’entrée de Grenoble où ont été constatés des risques d’incendie et sanitaires et autres », pour lequel « l’évacuation a été demandée ». Mais les choses avancent. Petit à petit.
Et les propos entendus lors de ce repas convivial entre communautés lui font aujourd’hui encore « chaud au cœur ». « Les élus, le groupe solidarité, l’évêque, tous avaient les mêmes mots à la bouche : “Nous ne voulons pas faire pour les Roms, mais avec les Roms”. On est bien dans la lignée du CCFD là, non ? »
Reste que ce moment de fête ne peut être une fin en soi. Pour Philippe Würgel, l’après repas est lui aussi « extrêmement important ». Et semble bien parti.

Ne pas faire pour, mais avec les Roms

Il y a d’abord eu cette initiative prise par les Roms d’inviter les membres du groupe solidarité de la paroisse Saint-Michel à venir partager, mi-mai, un autre repas, cette fois-ci dans le campement. Le 30 mai, ce sont sept mouvements d’église locaux, CCFD-Terre Solidaire, Secours catholique, Mission ouvrière, ACO, Pastorale des migrants, Mission de France et Diaconie diocésaine qui se retrouvaient pour rappeler les « communautés chrétiennes à leurs responsabilités » et lancer un appel conjoint, et c’est une première, à la « solidarité avec le frère démuni ». À changer de « regard sur l’autre ».
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Une exposition consacrée aux Roms

Et puis il y a aura, à l’automne, une grande exposition consacrée aux « Roms, Gitans, Tsiganes et Manouches… » organisée par le Musée dauphinois de Grenoble et prévue sur six mois. Un événement culturel auquel participeront Philippe Würgel et Roms Action qui, depuis 2013, sont à l’initiative du festival Savore proposant des conférences, tables rondes, ateliers, temps de musiques roms. « On intègrera ces moment festifs avec des artistes que l’on fait venir de Roumanie dans l’exposition du musée », annonce Philippe, qui se réjouit de voir l’action de son organisation « renforcée par une institution, une structure complètement reconnue sur l’agglomération ». Une autre manière de faire entrer les Roms dans la vie de la cité et resserrer les liens avec la population.

Patrick Chesnet

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