A Nouadhibou en Mauritanie, un carrefour migratoire de tous les dangers

Publié le 16.02.2021| Mis à jour le 16.12.2021

C’est un cri d’alarme que nous avons reçu du père Florian Pachel Mbabe Mohizi, de la Caritas Nouadhibou soutenue par le CCFD-Terre Solidaire en Mauritanie. Il est le témoin du destin dramatique des milliers de personnes migrantes qui passent par sa ville pour tenter de rejoindre l’Europe. Soit par la mer vers les iles Canaries, soit par le désert vers la Méditerranée.


pere_florian_pachel.pngToujours et encore, le décompte n’en finit plus.

Selon la Direction régionale de la sûreté Nationale à Nouadhibou, un total de 164 personnes migrantes, sénégalaises, maliennes et ivoiriennes ont été secourus à Nouadhibou sur la journée du 3 février 2021.

Une dizaine d’entre elles sont mortes de déshydratation durant 5 jours de calvaire, alors qu’elles traversaient la mer Méditerranée pour gagner les îles Canaries.

Ce sont d’abord 118 personnes migrantes sénégalaises, maliennes et ivoiriennes, dont des femmes avec enfants et une majorité de jeunes âgés de 18 à 30 ans, en route vers les Îles Canaries, qui ont été secourues, suite à la panne du moteur de leur embarcation.

Leur bateau n’avait plus d’essence. 10 d’entre elles, dont un enfant, sont mortes affamées, assoiffées et épuisées, dans la pirogue à environ 25km au nord de la ville de Nouadhibou, près de la frontière avec le Sahara occidental, encore un drame qui rappelle combien les migrations de la Mauritanie vers les îles Canaries restent meurtrières.

C’est un nouveau témoignage des risques considérables que prennent de très nombreux jeunes africains et africaines pour tenter de gagner l’Europe pour des raisons économiques, sociales et politiques.

Les 108 rescapés ont été acheminés au port de Nouadhibou, où ils ont été pris en charge par la Croix-Rouge et la Caritas Paroissiale Nouadhibou : distribution de tenues vestimentaires contre le froid, assistance médicale d’urgence, nourriture chaude et eau minérale. Une dizaine d’entre eux sont en ce moment dans un état critique à l’hôpital de base de Nouadhibou.

Le même jour, aux environs de 18h, 36 autres personnes migrantes, toutes de nationalité malienne, ont été également interceptés par Frontex, dans le cadre de la lutte contre l’émigration irrégulière, au cœur du désert du Sahara occidental alors qu’elles cherchaient à se rendre au Maroc. 

Les dangers de cette route sont connus : le 22 janvier dernier, un migrant guinéen est mort de soif dans le désert à 18km de Nouadhibou, au cours d’une tentative identique.

Ces personnes migrantes, abusées par leurs passeurs, ont été abandonnées au milieu du désert entre les villes de Nouadhibou et Dakhla.

Les passeurs leur ont dit qu’ils allaient revenir les chercher dans quelques heures, mais ils ne l’ont jamais fait, a déclaré un survivant.

Égarées après un jour de marche dans le désert pour chercher de l’aide, elles ont été victimes de la chaleur (la température avoisinait les 42 degrés) et de la déshydratation, ne disposant que de deux bouteilles de 75 centilitres chacun.

Toutes ont commencé à ressentir une fatigue extrême, des crampes, un état semblable à l’ébriété. Leur peau et leur langue sont devenues sèches.

Elles ont été sauvées et acheminées à Nouadhibou, suite à une opération aérienne de recherche et de sauvetage. Une assistance d’urgence et les soins médicaux leur ont été donnés à Nouadhibou, par la Caritas Nouadhibou.

Dans le cadre de son engagement pour les personnes migrantes et réfugiées vulnérables depuis environ dix ans, la Caritas Nouadhibou soutenue par le CCFD-Terre Solidaire, met tout en œuvre pour sensibiliser sur les risques et dangers des routes migratoires, et pour combattre la traite et le trafic des personnes.
Elles ont mis également en place à Nouadhibou un mécanisme de protection sociale et sanitaire au profit des personnes migrantes, réfugiées et personnes vulnérables.

En conclusion, nous lançons un vibrant appel à toutes les personnes de bonne volonté, afin de porter plus d’attention aux populations migrantes affectées par la crise sanitaire et sociale du Covid-19.

« Puisse le Seigneur nous rendre la vue, pour redécouvrir ce que signifie être membres de la famille humaine » – Pape François.

Florian Pachel Mbabe Mohizi, de la Caritas Nouadhibou

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