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Bénin : l’association Sin Do donne la voix aux femmes

Publié le 16.05.2018| Mis à jour le 07.12.2021

Face aux violences faites aux femmes et aux jeunes filles au Bénin, l’association Sindo lutte avec elles pour leur dignité et développe leur autonomie.


Ernestine Gbaguidi Aïsse, responsable administrative et financière de l’association SIN-DO, explique :

« Aujourd’hui, la femme a plus d’importance au Bénin. Avant, elle n’avait pas de voix. Dans la culture béninoise, l’homme est le chef de famille. Même dans l’éducation des enfants, la femme n’a pas son mot à dire ».

Dans ce pays d’Afrique de l’ouest, les femmes subissent de nombreuses violences. Des violences psychologiques et physiques.


«On dit à la femme qu’elle n’est rien. Les femmes peuvent être battues par leur mari parce qu’elles réclament de l’argent pour manger ou acheter du savon pour la lessive. Des jeunes filles sont kidnappées dans des lieux vaudous, sont l’objet de mariages forcés, de harcèlement sexuel à l’école par l’enseignant ».

Autre forme de violence : la traite des enfants. Dans la culture béninoise, il est courant de placer un enfant ou un jeune dans une autre famille ou chez un grand frère quand il grandit. Avec le développement de la misère, de plus en plus de familles expatrient leurs enfants au Nigéria moyennant rétribution. Ils y sont exploités pour des travaux domestiques, agricoles et subissent maltraitance, viols… SIN-DO sensibilise les familles sur la traite. Mais pour que les familles arrêtent d’envoyer leurs enfants ailleurs, il faut leur donner les moyens de les garder. Et trouver une activité économique pour les parents.

Développer l’autonomie des femmes

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Voilà le sens de l’engagement de l’association : autonomiser les femmes afin qu’elles prennent une part active au développement économique de la famille, à l’éducation des enfants et à la vie citoyenne. Et qu’elles comprennent qu’elles ont des droits.

Pour mener à bien ce projet, les trois animatrices de SIN-DO partent toute la journée à la rencontre des femmes dans les campagnes.

Ernestine Gbaguidi Aïsse décrit :

« Nous allons d’abord parler au chef du village pour lui expliquer notre projet. Puis on se rapproche des femmes, on les écoute, on leur parle. On les amène à voir leurs erreurs. On cherche à les responsabiliser, on les forme. Chez nous, les femmes ont une grande capacité de mobilisation ».

L’association aide les femmes à louer ou acheter des terres grâce au microcrédit. Dans la commune de Zogbodomey, dans le Zou, au sud du Bénin, elles ont accédé ainsi à 42 hectares de terres pour dix ans renouvelables. Elles peuvent y cultiver du maïs, de l’arachide, des haricots, élever des animaux, pratiquer la pêche.

Ernestine insiste :

« Meilleure distributrice des ressources que la femme, il n’y a pas ».

La dignité des femmes et des enfants

Récupération nutritionnel et démonstration culinaire
Récupération nutritionnel et démonstration culinaire

SIN-DO sensibilise les femmes à la scolarisation de leurs enfants et organise des clubs d’enfants où ils sont formés à leurs propres droits, « afin qu’ils soient capables de se défendre ».

Elle développe des ateliers pour eux afin de les initier à des métiers utiles localement : le tissage de paille, la coiffure, la fabrication de savon liquide. La lutte pour la dignité de la femme et contre les violences qui leur sont faites est au cœur de leur mission.

« On apprend aux femmes à faire des plaidoyers, à participer au plan de développement communal, à faire des réclamations, à maintenir l’espacement des naissances, à participer aux votes. Il faut donner de la voix aux femmes. »

Tout en respectant la culture, en gardant certaines traditions, en maintenant l’équilibre du foyer.

« On ne vient pas pour arracher aux hommes ce qu’ils ont. On est là pour qu’il y ait à manger, que les enfants soient nourris, qu’il y ait l’entente entre l’homme et la femme et la paix dans chaque foyer. »

Clémence Roux de Luze

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