Benoît Soro, Côte d’Ivoire

Publié le 03.03.2005| Mis à jour le 08.12.2021

Dans un pays déchiré, des associations font vivre la société civile en zone «rebelle».

Faire exister la société civile en zone rebelle

Paris, le 4 mars 2005

J’ai 36 ans, je vis à Korhogo, l’un des bastions nordistes des Forces nouvelles (la rébellion), suite à l’éclatement du conflit en septembre 2002. Je suis directeur de l’Animation rurale de Korhogo (ARK), qui s’efforce depuis 1972 de favoriser l’autopromotion des populations rurales.

Le contexte d’affrontements nous a incité à adapter nos actions. Ainsi, nous mettons l’accent sur la réinsertion d’ex-combattants qui ont décidé de leur propre initiative de retourner au village. Nous ne négligeons pas non plus l’éducation à la paix.
Tout ce travail est possible. Les nouvelles autorités nous ont donné le feu vert, en précisant que nous serions tenus pour responsables d’éventuels dérapages.
La situation alimentaire est tendue, mais il n’y a pas de disette. Les populations ne sont pas rackettées par les militaires, contrairement à ce que j’entends dire. Certes, ceux qui circulent sur les routes sont en butte aux demandes des soldats sur les check points (des cigarettes, du thé, quelques pièces pour accélérer les formalités). Mais il est possible de dénoncer ces tracasseries aux autorités. Je l’ai fait et la situation autour de Korhogo s’est améliorée. Côté information, les choses bougent aussi. Outre les médias parrainés par les Forces nouvelles, on a accès depuis peu à quelques quotidiens d’Abidjan qui nous parviennent avec un ou deux jours de retard.
La scène associative est en pleine ébullition. Fin 2002, 14 ONG étaient présentes à Korhogo. En mars 2005, j’en ai dénombré une bonne soixantaine. Pour autant, il est prématuré de parler d’éveil de la société civile. Nombre des nouvelles venues ont été pressées de se lancer par les Forces nouvelles. Leur engagement social comme leur degré d’indépendance restent à apprécier.
Bien peu de gens dans le Nord entrevoient une solution de sortie de crise. L’immense majorité de la population est favorable à la réunification du pays, car elle se sent ivoirienne à part entière. Mais elle doute que les actuels efforts de médiation aboutissent et qu’une élection présidentielle réellement démocratique se tienne en octobre prochain. D’où notre grand défi : réussir à mobiliser pour bâtir l’avenir, sans savoir de quoi demain sera fait.

Propos recueillis par Yves Hardy

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