Darfour
Des sanctions s’imposent au Soudan

Publié le 23.04.2007| Mis à jour le 08.12.2021

Pour rendre effectives les promesses de Khartoum et enfin assurer la protection des populations du Darfour, la France ne doit plus s’opposer à l’adoption de sanctions lors du Conseil Européen des 23 et 24 avril 2007

La tragédie en cours au Darfour, se poursuit au vu et au su de tous ; le droit international humanitaire continue d’être régulièrement violé par les différents belligérants. Les populations, encore aujourd’hui, sont les principales victimes de ce conflit. Un cessez-le-feu se fait toujours attendre et le déploiement annoncé d’une force mixte de l’Union africaine et des Nations unies tarde à se réaliser, alors que la plupart des résolutions votées par le Conseil de Sécurité demeurent largement inappliquées. Certes, le Soudan a formellement renouvelé le 16 avril devant le Conseil de Sécurité son accord de voir se déployer sur son territoire une force de 3 000 casques bleus en complément des 6 000 soldats de l’Union Africaine. Cependant, depuis plus de trois ans que le dossier du Darfour est débattu au Conseil de Sécurité et compte-tenu de la constance du régime de Khartoum à ne pas honorer ses propres engagements, il ne faut plus se contenter de simples engagements verbaux.

L’Union européenne jusqu’à présent ne s’est pas montrée à la hauteur de cette crise. Elle avait pourtant su se montrer plus efficace et vertueuse en adoptant des sanctions individuelles dans d’autres cas. Jusqu’ici, elle n’a pas réussi à le faire dans le cas du Darfour et du Soudan, le Conseil de l’Union européenne refusant même de suivre les recommandations en ce sens formulées par le Parlement européen dans une résolution du 15 février 2007.

Nous avons conscience que la résolution de la crise au Soudan en général, et au Darfour en particulier, devra à terme passer par un accord de paix large et accepté par l’ensemble des parties. Cependant, les violations répétées par le gouvernement de Khartoum de ses propres engagements sont flagrantes. Il est plus que temps pour la communauté internationale de prouver sa détermination à protéger les populations du Darfour et, après de nombreux mois passés à brandir la menace de sanctions sans que cela ne soit suivi d’aucun effet, de joindre enfin le geste à la parole.

Nous sommes convaincus que des sanctions ciblées sont indispensables. De telles sanctions doivent viser non seulement les individus responsables des massacres, mais aussi le parti au pouvoir à Khartoum qui ne cesse de bafouer les résolutions du Conseil de Sécurité. En regard de cette urgente mise en œuvre de sanctions, une feuille de route objective devrait être établie et énumérer les différents domaines dans lesquels des changements de direction doivent être imposés, depuis le désarmement des Janjawids jusqu’à l’application de l’accord de paix avec le Sud Soudan, en passant par la fin des entraves au déploiement de l’aide humanitaire.

Au niveau européen, allant à l’encontre de la plupart de ses partenaires, la France s’est malheureusement opposée jusqu’à présent à l’adoption de ces sanctions. Nous pensons que la France ne peut banaliser ses relations diplomatiques et économiques avec des régimes responsables de crimes de guerre et de crimes contre l’humanité et que les populations du Darfour ne peuvent pas attendre. Avant de « passer la main » à une nouvelle équipe présidentielle et gouvernementale, le président de la République et le ministre des Affaire étrangères ont l’occasion de poser un dernier acte diplomatique majeur : faire que la France rompe enfin avec son attentisme coupable et soutienne l’adoption de sanctions lors du Conseil européen des 23 et 24 avril.

Marc Zarrouati, président de l’ACAT France
Joël Thomas, président du CCFD (Comité catholique contre la faim et pour le développement)
Jean-Pierre Richer, président du Secours catholique/Caritas France
Odile Biyidi, présidente de Survie.
 

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