EurAc : Les stratégies militaires à l’encontre de la LRA n’auront pas d’impact durable sans dialogue et ni négociations

Publié le 15.11.2010| Mis à jour le 08.12.2021
Bruxelles, 15 novembre 2010 Le Réseau des ONG européennes pour le plaidoyer sur l’Afrique Centrale (EurAc) et ses ONG-membres ont lu avec grand intérêt les différents dossiers et déclarations (Human Rights Watch, Resolve, Enough, International Crisis Group) sur la problématique de la LRA (Lord’s Resistance Army). Ils saluent l’attention que les  différentes instances internationales accordent à cette cause d’instabilité et de souffrance dans les quatre pays. Depuis  plus de deux décennies, la LRA n’a pas cessé de terroriser les populations civiles, d’abord en Ouganda, et plus tard en RDC, en RCA et au Soudan. EurAc et ses membres constatent qu’aucune opération militaire n’a réussi à mettre fin aux crimes de la LRA durant toute cette période. Malgré cette longue existence de la LRA, le mouvement n’est pas très connu, ni dans sa composition, ni dans sa structure, ni dans ses objectifs. EurAc est convaincu que les acteurs de la société civile des régions touchées par la LRA ont un rôle crucial à jouer tant dans la compréhension du phénomène LRA que dans le rétablissement du dialogue. EurAc affirme qu’une solution durable au problème de la LRA devra se baser sur la négociation et sur le dialogue. Nous partageons cette vision avec les leaders religieux de la région. La dimension militaire est certes importante mais elle n’aura aucun impact durable si elle ne s’inscrit pas dans une stratégie plus large. C’est pourquoi EurAc recommande à l’Union européenne et à ses Etats-membres de : 1) Explorer, protéger et élargir l’espace pour une approche non-violente et une solution négociée. Pour cela,  – Il est important d’appuyer les acteurs de la société civile, notamment les leaders religieux, et les acteurs coutumiers, dans leurs tentatives d’établir des contacts avec Joseph Kony pour s’assurer de sa volonté réelle de rejoindre le processus de Juba.  – Il est important de mobiliser tous les moyens, en collaboration avec les acteurs locaux, dont les leaders religieux et les chefs coutumiers, afin d’amener les groupes locaux de LRA à se rendre et à adhérer au processus de démobilisation, désarmement et de réintégration (DDR). Il est notamment essentiel de lancer un programme intensif de sensibilisation auprès des groupes LRA par radio, par télévision, par des affiches, etc.  – Il est nécessaire d’installer sur le terrain une infrastructure d’accueil et des ressources humaines permettant  une politique de DDR efficace. Les communautés locales doivent être formées à  accueillir les déserteurs de la LRA,  au lieu de les tuer comme c’est parfois le cas actuellement. 2) Harmoniser le volet militaire d’une action contre la LRA – L’expérience a démontré qu’une opération militaire limitée à ce seul aspect n’atteint pas ses objectifs et provoque une dynamique de représailles, dont la population civile est la première victime. Le volet militaire doit s’inscrire dans une stratégie plus large qui doit disposer de suffisamment  de capacités en ressources humaines, en renseignement et en équipement. – Il est très important de préciser le mandat et les règles d’engagement de l’armée ougandaise, actuellement active sur le territoire des trois autres pays dans le cadre de la lutte contre la LRA.  – Tous les acteurs militaires œuvrant contre les violences de la LRA doivent agir en fonction d’un un plan opérationnel commun s’inscrivant dans une stratégie globale établie dans le cadre du Contact Group. 3) Se focaliser sur la protection de la population et sur la cessation des violations des droits de l’homme – La présence de la Monusco doit être renforcée en vue de la protection de la population.  – L’administration locale, les autorités coutumières et d’autres structures formelles et informelles dans la communauté doivent être mobilisées pour discuter de la façon dont elles peuvent contribuer à un environnement plus sécurisé.  – La formation d »une armée réellement républicaine, efficace et disciplinée reste une priorité absolue pour ce qui est de la RDC. 4) Donner un signal fort que la communauté internationale approchera désormais la LRA comme une problématique régionale prioritaire de façon cohérente et coordonnée. Il est absolument nécessaire de remettre la LRA sur l’agenda international. La création d’un groupe de contact constitué des 4 pays concernés, des différentes missions onusiennes ainsi que de plusieurs envoyés spéciaux et des membres permanents du Conseil de sécurité est importante. Ce groupe constituerait un espace de négociations et permettrait de déterminer une stratégie cohérente sur la protection des populations civiles. Télécharger  » EurAc : Les stratégies militaires à l’encontre de la LRA n’auront pas d’impact durable sans dialogue et ni négociations » (pdf)

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