Kosovo

Publié le 15.12.2009| Mis à jour le 08.12.2021

Un Etat en construction, des communautés profondément divisées

Le Kosovo a été le théâtre de violences extrêmes à la fin des années 1990, dans le prolongement des guerres ex-yougoslaves. Jusqu’alors province de la Serbie, il a déclaré son indépendance le 17 février 2008 après l’échec répété des négociations entre les Albanais du Kosovo et les autorités serbes. Depuis, les institutions du Kosovo se mettent doucement en place, notamment avec le soutien de la mission civile européenne Eulex. Le nouvel Etat s’est doté d’une constitution et les premières élections ont pu avoir lieu. Cet Etat est encore en recherche de reconnaissance. Au sein de l’Union Européenne par exemple, si 22 Etats ont reconnu le Kosovo comme nouvel Etat souverain, 5 refusent toujours de le faire (Roumanie, Espagne, Slovaquie, Chypre, Grèce). Les autorités de Belgrade, ainsi que l’écrasante majorité de la population serbe, rejettent toujours fermement l’indépendance de la province qu’ils comprennent comme le « berceau » de la civilisation serbe, faisant ainsi du Kosovo un élément de blocage dans le rapprochement entre la Serbie et l’UE. La Russie apporte un soutien sans faille à la Serbie dans ce dossier qui rend les relations entre la Serbie et le Kosovo extrêmement difficiles.

Dans ce contexte politique en construction, la division entre la majorité albanaise et la minorité serbe est de plus en plus forte. Les Serbes vivent en effet le plus souvent dans des enclaves. La gestion de la mémoire, et en particulier de la mémoire concernant les crimes commis lors du dernier conflit, a conduit à l’élaboration d’histoires antagonistes. Les jeunes albanais et serbes du Kosovo reçoivent ainsi une éducation différente et ne partagent donc pas d’imaginaire commun. La ville de Mitrovica, divisée en deux, le nord étant habité par des Serbes et le sud par les Albanais, constitue l’exemple d’un cloisonnement de plus en plus fort entre les communautés et rappelle tristement d’autres villes ainsi divisées dans les pays de l’Ex-Yougoslavie. Mais la minorité serbe n’est pas la seule au Kosovo. De nombreuses autres populations sont aussi dans cette position minoritaire et peinent à se faire entendre et à faire valoir leurs droits. On peut citer l’exemple des Roms. La situation des enfants issus de ces minorités est très préoccupante. La majorité d’entre eux est déscolarisée et n’a donc pas les moyens de se construire un avenir.

La population en général vit dans un contexte socio-économique très difficile, marqué par le manque de perspectives et le chômage de masse. Les 15-26 ans représentent 57% de la population totale et sont les plus touchés par la pauvreté extrême et le chômage. Ayant peu de perspectives pour le futur, quitter leur pays leur semble être la seule option possible. De plus, on  note que de nombreux Kosovars ont quitté leur pays lors du conflit à la fin des années 1990 et sont aujourd’hui expulsés de l’Union Européenne sur la base des accords de réadmission, récemment signés avec l’UE. Ces accords permettent de faciliter l’expulsion vers leur pays d’origine des individus rentrés illégalement sur le territoire d’un Etat membre de l’UE. Comme dans l’ensemble des Etats issus de l’Ex Yougoslavie, les conditions d’un retour durable des personnes déplacées, réfugiées ou bien expulsées de l’UE ne sont toujours pas réunies et font de ces populations une autre catégorie particulièrement vulnérable.

Les actions soutenues par le CCFD-Terre Solidaire

Nous soutenons des associations qui travaillent auprès des minorités, telles que RAD Center. Cette même association est aussi très engagée sur la problématique des expulsions de l’UE. Elle vient ainsi en aide aux Roms et Ashkalis qui sont forcés de retourner au Kosovo. La tension étant toujours présente, et même en augmentation entre les Albanais du Kosovo et les minorités, en particulier rom et serbe, les actions en faveur de la prévention des conflits sont plus que jamais essentielles. Dans cette perspective, nous soutenons par exemple le Humanitarian Law Center qui œuvre au rapprochement concret entre associations serbes et albanaises, à l’intégration des Roms dans la société civile et qui s’investit également dans le travail pour la mémoire et la justice, notamment en assurant le suivi des procès pour crimes de guerre.

L’engagement du CCFD-Terre Solidaire, dans ce contexte de construction de l’Etat kosovar, consiste donc à appuyer les actions qui se proposent de lutter contre toutes les formes de ségrégation et de violence et qui visent à permettre aux minorités de prendre activement part à la construction de ce nouvel Etat. La jeunesse, encore une fois, est au cœur de nos préoccupations. En grande difficulté, sans perspectives solides d’avenir, elle s’engage peu et il semble essentiel de l’inciter à se mobiliser.

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