Lettre à M. Jacques Chirac
Objet : situation en Côte-d’Ivoire
Paris, le 21 février 2005
Monsieur le Président de la République,
Les acteurs français de solidarité internationale et de défense des droits de l’Homme, en lien avec leurs partenaires ivoiriens, suivent la situation de la Côte d’Ivoire avec une inquiétude que les événements de novembre dernier n’ont fait qu’accroître. Plusieurs d’entre eux ont décidé de se mobiliser dans une « plate-forme pour la Côte d’Ivoire » ouverte à tous les acteurs non étatiques en France travaillant avec ce pays. Cette plate-forme se veut aussi ouverte aux associations partenaires et aux organisations de la société civile dans les pays de la sous région.
En cette période cruciale, à la suite des événements du mois de novembre 2004 , nos organisations souhaitent vous faire part de leurs préoccupations et de leurs souhaits.
Depuis 2002, la France a tenté de promouvoir la réconciliation par la voie diplomatique et en engageant des troupes en tant que force d’interposition.
Malheureusement, les deux années écoulées n’ont pas permis à une solution pacifique et juste de voir le jour sur le terrain. Le blocage de la situation et sa radicalisation récente montrent que notre pays, par l’histoire de ses relations avec la Côte d’Ivoire, ne peut jouer sans équivoque ce rôle dans la durée.
C’est pourquoi nous vous soumettons les propositions suivantes :
1. Demander au Conseil de Sécurité de donner à l’ONUCI un mandat renforcé concernant la protection des populations civiles. Dans ce cadre, envisager de placer la force d’interposition Licorne sous commandement des Nations Unies, en poursuivant l’effort financier français pour une force de paix internationale et demander aux Nations Unies que des contingents d’autres nationalités puissent progressivement remplacer les militaires français.
2. Appuyer au Conseil de Sécurité le projet de Commission internationale d’enquête indépendante sur les violences commises depuis le 4 novembre sur l’ensemble du territoire ivoirien et rendre public les rapports antérieurs sur les événements de septembre à décembre 2003 ainsi que mars 2004.
Par ailleurs, il est essentiel que soient rétablis au plus vite les crédits engagés dans le cadre de l’APD bilatérale au bénéfice des acteurs de la société civile ivoirienne, dans leur majorité bâtisseurs essentiels de la paix et de la réconciliation. Il est dramatique qu’en plus des tensions dues à la situation politique, ils aient à pâtir de contraintes financières qui bloquent leur travail et ne pourraient in fine que contribuer à l’aggravation de cette situation.
Nous vous prions d’agréer, Monsieur le Président, l’expression de notre très haute considération.
Jean Marie Fardeau
Secrétaire Général du CCFD
Liste des organisations signataires :
– ACAT (Action des Chrétiens pour l’Abolition de la Torture)
– Alliances et Entraide Côte d’Ivoire
– CCFD (Comité Catholique Contre la Faim et pour le Développement)
– DEFAP (Service protestant de missions)
– FIDH (Fédération internationale des ligues des droits de l’homme)
– Frère des Hommes
– LDH (Ligue française des droits de l’homme)
– Réseau Foi et Justice Afrique -Europe
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