Liliace Araba, Soudan.
Pour faire face au retour des réfugiés au Sud-Soudan, les besoins sont énormes et les services quasi inexistants.
Faire face au retour des réfugiés
Paris, le 4 mars 2005
Tout le monde, au Sud Soudan, est heureux de l’accord de paix signé le 9 janvier 2005 entre le gouvernement de Khartoum et la rébellion du Sud (SPLA) ! Nous attendions cela depuis vingt ans ! Depuis cette signature, le calme règne. C’est pourquoi nous sommes confrontés à une vague de réfugiés rentrant chez eux. Tous sont fatigués de cette guerre et veulent retrouver leur maison. Certains sont des déplacés, d’autres des réfugiés qui reviennent d’Ouganda, du Kenya, de la RDC, d’Ethiopie, de Centre Afrique. Ils sont environ 4 millions.
Ces réfugiés rallient d’abord les lieux où l’accessibilité aux services est la plus aisée. Puis, éventuellement, ils pensent à bouger au-delà. Mais, si leurs enfants vont à l’école dans le premier lieu d’accueil et qu’il n’y a pas d’école dans leur village, ils restent. Au Sud Soudan, les services et les infrastructures sont pauvres ou absents. Il y a très peu d’écoles. Sur neuf comtés, seules trois écoles existent ! Si bien que le niveau d’éducation est particulièrement bas. Dans la zone où nous travaillons, vers Terekeka, une seule personne est lettrée sur 59 000 habitants ! Or, si les services d’éducation ne sont pas suffisants pour la population actuelle, imaginez ce que cela sera avec celle qui va revenir ! Cette indigence matérielle pose également de graves problèmes au niveau de la santé. Il y a peu d’hôpitaux, pas de médicaments, peu de médecins, et bien souvent, rien n’est prévu pour les accouchements.
De plus, il n’a pas plu. Nous faisons face à une nouvelle catastrophe naturelle. Il y a pénurie alimentaire selon Programme Alimentaire Mondial. Il n’y aura pas assez de nourriture pour tous, encore moins avec le nombre de revenants ! Nous avons besoin de matériels et outillages pour cultiver. Avec la paix, les familles peuvent enfin retrouver leur capacité à produire pour elle même. Elles nécessitent des formations, des technologies, des charrues pour labourer, des semences améliorées.
Le gouvernement du Soudan ne fait rien pour le Sud, celui du Sud Soudan est trop occupé à conforter son équipe, structurer ses ministères. Quant à la plupart des ONG, elles sont au maximum de leur capacité. Quand les infrastructures routières seront améliorées peut-être que d’autres ONG pourront amener leurs services aux communautés éloignées. Pour l’heure, certaines régions sont très difficiles d’accès. Les ONG n’y vont pas. Il faudrait qu’elles reçoivent plus de fonds de leurs donateurs. L’aide se concentre donc dans certaines zones où les gens s’agglutinent. Cette concentration va augmenter les risques de famine. On ne peut faire de l’urgence indéfiniment ! C’est de développement dont nous avons besoin ! Après la paix, la liberté !
Propos recueillis par Cécile Raimbeau
Acord Soudan a pour objectif d’augmenter la production agricole, d’améliorer l’accès à l’eau et de travailler à l’éducation des jeunes.
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