Reconnaître la destination universelle des biens pour œuvrer au bien commun (4/7)
Eau, air, semences, climat…Voilà quelques-uns des « communs » nécessaires à la vie de l’ensemble de la communauté humaine. Et cette liste pourrait être largement complétée : biodiversité, forêts, océans, santé, éducation, etc. Aujourd’hui, ces biens communs sont menacés par des pratiques économiques dévastatrices dont les plus pauvres sont les principales victimes.
La terre est à tous ! Dans les années 70, le CCFD-Terre Solidaire rappelait inlassablement ce principe dans toutes ses campagnes.
« La terre est à tous » était mise en exergue sur toutes les affiches de l’association.
Affirmation que les biens de la terre doivent être partagés équitablement entre tous les habitants de la planète au nom de la justice.
Pourtant, la « destination universelle des biens » demeure une boussole essentielle pour envisager, demain, un monde habitable.
En effet, si ce principe est une exigence éthique, bien des faits nous prouvent qu’il va de pair avec la nécessité d’un autre rapport entre l’humanité et la nature, condition essentielle à la préservation de notre « maison commune ».
Pour une juste répartition des terres
Depuis des dizaines d’années, la Commission pastorale de la terre (CPT), au Brésil, se bat pour permettre l’installation de familles pauvres sur des terres et l’obtention de titres de propriété. Partenaire du CCFD-Terre Solidaire, la CPT voit ses membres continuer aujourd’hui leur action au péril de leur vie.
Dans de nombreux pays, l’accaparement des terres est à l’origine des conflits ainsi qu’au meurtre et à la criminalisation des mouvements sociaux et de leurs dirigeants.
Garantir l’accès la terre et le droit foncier devrait être une mission prioritaire pour les Etats. Cependant, une bonne partie des territoires occupés par les populations les plus pauvres n’est pas protégée.
D’autres territoires déjà délimités sont envahis par des activités extractives minière et forestière, par de grands projets d’infrastructure, par des cultures illicites et par de grands domaines terriens pour la monoculture et l’élevage extensif du bétail.
Comme l’indiquait le rapport du GIEC en 2018 (Rapport de l’alliance CLARA) : « Une grande partie des espaces forestiers restants dans le monde est gérée par les populations autochtones et les communautés locales. Mais, bien que la moitié des terres au niveau mondial fasse l’objet d’une revendication d’usage coutumier de la terre, seulement 20% d’entre elles bénéficient d’une reconnaissance juridique. Pourtant, il est prouvé que le fait de sécuriser les droits fonciers collectifs constitue de loin l’action climatique la plus concrète, la plus efficace et la plus équitable que les gouvernements peuvent entreprendre pour réduire leur empreinte carbone et protéger les forêts du monde entier. »
Pour une protection mondiale de tous les « communs »
Président de l’association OSRA, l’association pour l’autosubsistance des Oromos en Ethiopie, partenaire du CCFD-Terre Solidaire, le Dr Alemayehu explique : « dans la région, le problème de l’accès à l’eau potable est en tête des préoccupations dans 90 % des cas. »
Pour capter les eaux souterraines les moins profondes, l’OSRA a donc mis en place des pompes. Mais la paysannerie reste vulnérable aux aléas climatiques et à chaque saison, l’inquiétude est la même : « Pleuvra-t-il assez ? Ne va-t-il pas trop pleuvoir ? ».
Pour assurer la sécurité alimentaire, dans le district de Baccho, OSRA a développé des banques de céréales gérées par des associations paysannes. « L’idée n’est pas seulement de stocker des grains (tef, pois chiche, maïs) en prévision des périodes de disette, explique le Dr Alemayehu. Il s’agit plutôt de donner aux paysans une source de revenus. De les rendre plus forts pour qu’ils soient moins tributaires du marché. »
La protection de la planète et du climat, bien commun de l’humanité et condition indispensable pour sa survie, devrait s’imposer comme une urgence mondiale.
Mais les institutions internationales manifestent une incroyable force d’inertie. Trop d’intérêts particuliers, trop de lobbys financiers apparaissent comme supérieurs à toute gouvernance, mondiale ou nationale et menacent le bien commun.
Seule une politique mondiale réactive et courageuse peut assurer cette protection des communs.
Le report de la COP 26 en 2021 n’est pas un bon signal. Il est urgent d’agir !
La protection des bien communs nécessite une régulation des multinationales
Directrice du programme sur les biens communs à Focus on the global South basée à Manille, Mary Ann Manahan participe à un groupe d’ONG asiatiques en faveur d’un traité international négocié dans le cadre de l’ONU et contraignant les multinationales au respect des droits humains.
Avec de nombreuses organisations, dont le CCFD-Terre Solidaire, elle se bat pour que soit ratifié un traité Onusien contraignant les multinationales au respect des droits humains.
Il est urgent d’apporter une réponse aux collectifs et associations locales de plus de 60 pays qui nous alertent régulièrement sur les violations des droits humains et les graves problèmes environnementaux causés par des multinationales et leurs sous-traitants.
Aucune recherche de profits ne peut continuer à justifier en toute impunité la pollution des sols et des rivières, la destruction de forêts et de la biodiversité, l’emploi de personnes dans des conditions indignes et insécurisées, le travail des enfants et la menace sur la santé des communautés locales…
L’activité économique n’est pas une zone de non droit et partout sur la planète, les habitants doivent pouvoir bénéficier des mêmes cadres d’emploi protecteur pour eux, leurs proches comme pour leur environnement.
Pour un engagement de toutes et tous
Engagé concrètement aux côtés d’associations locales qui œuvrent pour la justice et le bien commun, le CCFD-Terre Solidaire porte la conviction que le changement attendu nécessite un engagement des citoyens comme des gouvernants.
La solidarité repose sur l’amour de l’humanité. Cet amour est fait de petits gestes d’attention mais il nous engage aussi collectivement à des choix civiques et politiques, au plus proche comme au plus lointain.
Sans attendre que nos gouvernants sortent de l’inertie, il appartient à chacune et chacun d’entre nous de démontrer qu’un autre monde est possible pour que réellement « La terre soit à tous ».
Manuèle Derolez, déléguée générale du CCFD-Terre Solidaire
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