Roumanie, appui inédit aux artisans Roms

Publié le 06.03.2014| Mis à jour le 08.12.2021

Soutenir l’insertion économique des communautés roms de Roumanie en valorisant leurs savoir-faire artisanaux : c’est le défi relevé depuis deux ans par l’association Romano ButiQ.


Vanniers, forgerons, orfèvres, tisserands… Autrefois, on les identifiait directement à leur artisanat. Le nom même de leur groupe était celui de leur artisanat. Les Caldarii sont les chaudronniers ; les Rudarii, ceux qui travaillent le bois ; les Hamurari, le cuir… Nomades, ils vendaient leurs produits sur les marchés ou les troquaient aux villageois contre des sacs de pommes de terre. Et puis, le communisme est passé par là, ensuite est venue la consommation de masse et les Roms de Roumanie ont progressivement perdu la possibilité de vivre de leurs savoir-faire traditionnels.

Romano ButiQ, une jeune association roumaine fondée en 2011, partenaire du CCFD-Terre Solidaire, s’emploie à revitaliser leur art. Une façon aussi de mettre en lumière la richesse de la culture rom et son apport au patrimoine roumain. Premier impératif : organiser les artisans, rationaliser leurs pratiques et moderniser les produits. Sillonnant la Roumanie, Romano ButiQ a d’abord organisé des séances de formation auprès de 1 800 artisans, mettant l’accent sur les opportunités qu’offre l’économie sociale et solidaire.

« Ce n’était pas le plus simple, témoigne Andreï Georgescu, coordinateur de l’association. Cinquante ans de soviétisme ont rendu les Roms extrêmement méfiants envers les coopératives qui ont été un des instruments de leur sédentarisation. Mais sans statut juridique légal, les artisans ne s’en sortiront pas. » Puis Romano ButiQ a retenu 200 artisans et artisanes – parmi les plus habiles – à qui elle fournit aujourd’hui un soutien plus spécifique : aide à la création et à la gestion d’entreprises d’économie sociale, amélioration des techniques et mise en relation avec des designers pour adapter les produits au goût du jour. Ainsi, les forgerons qui ne vendent plus guère d’étriers ont développé une nouvelle
gamme de produits qui va des outils de jardin aux accessoires de cheminée. Les selliers se sont lancés dans la confection de sacs de ville… Des orfèvres, sollicités par un créateur de haute couture, ont réalisé une robe en aluminium pour un défi lé de mode à Bucarest.

Pour écouler leurs marchandises, les artisans ont été mis en réseau au sein de
Mesteshukar ButiQ, une entité commerciale créée à cet effet, qui anime une boutique en ligne [[mbq.ro (site en version française).]], négocie des stands dans les foires, prospecte auprès des hôtels… Et c’est un succès : les ambassades de France et d’Allemagne ont notamment passé des commandes. L’approche tranche avec les politiques d’insertion qui cherchent généralement à reconvertir les Roms au lieu de miser sur leurs compétences. Les collectivités territoriales intéressées par la démarche participent parfois en cédant du foncier. Certains artisans profitent déjà d’une augmentation sensible de leurs revenus.

Les ateliers itinérants éphémères

Conçus pour créer le dialogue et valoriser plus largement la culture rom, les ateliers itinérants sont un volet clé du projet. Installés autour d’un chapiteau de verre aux
lignes futuristes, les artisans fédérés par Romano ButiQ se posent, pour une période de deux à trois mois, en dehors de leurs ateliers. Ils initient les visiteurs aux techniques de leur art. Sous le chapiteau : des expositions photos, du théâtre romani surtitré en roumain, des concerts…

« La logique, c’est : venez et apprenez à les connaître, résume Andreï Georgescu. Quand les personnes s’essaient à la fabrication des objets, elles en mesurent la difficulté, donc la valeur du travail. » De jeunes Roms recrutés pour l’occasion circulent d’un atelier éphémère à l’autre, invitent au débat, questionnent les stéréotypes… Expérimentée dans cinq villes dont une station balnéaire de la mer Noire, la formule connaît un franc succès et a déjà permis de toucher 12 000 à 13 000 personnes. « Les questionnaires remplis après les échanges permettent de mesurer un vrai changement de perception, affirme Andreï Georgescu. Les jeunes de 18-25 ans sont particulièrement ouverts. »

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