Accueil des migrants : quand les villes montrent la voie
En première ligne dans l’accueil des migrants, certaines villes en France, et dans le monde, font le choix d’une politique volontariste et innovante. C’est ce que montre l’étude « Accueillir des migrants – Des municipalités qui agissent » que nous avons soutenue. Zoom sur Briançon et New York.
Briançon, 13 000 habitants, à 15 kilomètres de la frontière italienne. Depuis deux ans, chaque jour, des exilés en provenance d’Italie arrivent dans cette commune des Hautes-Alpes. La majorité d’entre eux ont franchi le col de l’Échelle à 1 762 mètres d’altitude. Après la fermeture du passage de la vallée de la Roya, sous contrôle de la police aux frontières, ces migrants ont été contraints de chercher d’autres routes vers la France. Et ils n’hésitent plus à traverser les Alpes, été comme hiver, au péril de leur vie. Depuis septembre 2017, 1 500 personnes sont passées par une structure d’accueil d’urgence dans une ancienne caserne de CSR de montagne mise à disposition deux mois plus tôt par la communauté de communes. Elle est aujourd’hui gérée par l’association CRS – Coordination réfugiés solidaires – créée pour l’occasion. Deux ans auparavant, le mouvement citoyen Tous Migrants naît spontanément en septembre 2015. Il s’est, depuis, structuré en association, pour exprimer une indignation collective face au drame humanitaire vécu par des millions de migrants en Europe. Si la société civile briançonnaise s’engage aux côtés des migrants, la municipalité a suivi peu après. Elle se positionne comme ville d’accueil et apporte un appui supplémentaire aux associations chargées de gérer le CAO et le CADA [[Centre d’accueil et d’orientation et Centre d’accueil des demandeurs d’asile.]], structures ouvertes par l’État à Briançon en septembre 2015. Deux mois après, une vingtaine de migrants venus de Calais y sont accueillis. Depuis, société civile et élus locaux agissent de concert. En mars 2017, ils s’opposent à l’application des accords de Dublin dans la région [[Cette politique d’asile oblige les migrants à déposer leur demande dans le premier pays de l’Union européenne où ils sont entrés.]]. Lorsque deux exilés venus d’Italie sont menacés d’expulsion, la mobilisation dans les Hautes- Alpes ne se fait pas attendre : dès fin mars, une lettre cosignée par des élus et des associations est envoyée au président de la République, au Premier ministre et au ministre de l’Intérieur ; une pétition lancée par Tous Migrants destinée au préfet des Hautes Alpes récolte 2 000 signatures en seulement un mois, un pique-nique solidaire réunit 320 participants au col du Montgenèvre, autre point de passage des migrants jusqu’à Briançon. « Sur ce territoire, vous être les bienvenus », déclare le maire Divers gauche Gérard Fromm, en avril 2017. Reste à savoir comment vont réagir les autorités préfectorales face à l’augmentation des arrivées dans la région. Une chose est sûre, la collectivité, soutenue par une société civile ouverte et dynamique, a déjà pris position : « Je préfère être inculpé pour avoir transporté des étrangers que pour non- assistance à personne en danger. Dans nos montagnes, il n’y a pas de passeurs, mais des citoyens qui refusent de laisser mourir des gens dans la neige (…) », manifeste Jean-Paul Borel, conseiller municipal Front de gauche.Tous citoyens de New York
Avec ses 8 475 000 habitants, New York est la première ville des États-Unis. Cosmopolite, issue de l’immigration, elle a toujours été une terre d’accueil et s’est très vite déclarée « ville sanctuaire ». Le principe ? Adopter des politiques en faveur de tous les résidents, quel que soit leur statut migratoire. L’objectif ? Promouvoir l’égalité. Pour son maire élu en 2013, le démocrate Bill De Blasio, « l’immobilisme de l’État ne doit pas servir d’excuse à New York pour reporter ou ignorer sa mission : nous ne pouvons pas attendre Washington pour agir ». Bénéficiant d’une certaine autonomie législative et exécutive, la municipalité redouble d’initiatives. L’une des plus marquantes, déjà mise en place dans d’autres villes américaines : l’instauration d’une « carte d’identité municipale ». Depuis janvier 2015, elle est délivrée gratuitement aux habitants dès 14 ans, sur présentation d’une preuve d’identité, même étrangère, et d’un justificatif de domicile. L’objectif ? Faire bénéficier tous les New-Yorkais, même ceux en situation irrégulière, de certains droits et services : accéder aux bibliothèques municipales, faire une demande de logement, ouvrir un compte en banque… Cette carte est aussi reconnue comme pièce d’identité par la police. « Ne laisser personne sur le bord de la route », tel est l’engagement pris par Bill De Blasio.Documents joints
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