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Deux ans après l’assassinat du père Jacques Hamel, « choisir le chemin de la vie »

Publié le 27.07.2016| Mis à jour le 08.12.2021

Il y a deux ans, l’attentat dans l’église de Saint-Etienne-Du-Rouvray coûtait la vie au père Jacques Hamel en pleine messe et blessait grièvement un paroissien. Bruno-Marie Duffé, alors aumônier national du CCFD-Terre Solidaire, avait répondu à nos questions. Un témoignage spirituel qui n’a rien perdu de sa force.


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CCFD-Terre Solidaire : En tant que prêtre, que ressentez-vous, après l’assassinat du Père Jacques Hamel ?

C’est un sentiment mêlé : une tristesse infinie et une fatigue qui peuvent nous conduire aux larmes. Avec Jacques, ce frère aîné dans la foi et dans le service, nous portons, affectivement, et presque physiquement, toutes celles et ceux qui sont tués par la violence aveugle : cette violence qui se prend pour la vérité et ne voit plus qu’un homme est un frère.
Nous sommes entre le deuil et l’interrogation : comment peut-on en venir à tuer un vieil homme qui croyait à l’accueil et au dialogue, qui croyait en l’autre ? Comment peut-on tuer des femmes et des enfants qui ne portent en eux que le désir de vivre ?

Le Père Hamel était attaché au dialogue interreligieux. Comment garder l’espérance quand les acteurs du dialogue sont assassinés ?

C’est très paradoxal, mais le fait qu’un acteur du dialogue interreligieux soit assassiné souligne l’importance de ce dialogue et le rend à la fois précieux et encore plus nécessaire.
Cela dit, on ne dialogue que dans la liberté. Ceux qui sont happés par la propagande de la cruauté, pensant par-là s’affirmer eux-mêmes, doivent pouvoir rencontrer sur leur chemin des artisans du dialogue qui leur fasse percevoir ce que veut dire « devenir humain et solidaire des plus pauvres ».
L’espérance est évidemment dans la poursuite du dialogue et de la coopération entre toutes les communautés. C’est ensemble que nous apprenons à être homme.

Dans sa dernière lettre paroissiale, le Père Hamel écrivait : « Puissions-nous entendre l’invitation de Dieu à prendre soin de ce monde, à en faire, là où nous vivons, un monde plus chaleureux, plus humain, plus fraternel. » Comment répondre à son appel ?

L’expression est très juste : il s’agit de prendre soin de ce monde. La violence et le meurtre du frère expriment ce qui ne peut se dire ou se faire entendre par la parole et par le droit. Et c’est terrible de penser que les meurtriers – qui sont souvent des jeunes – sont désespérés au point de se suicider ou de plonger dans la mort en tuant des innocents.
Nous vivons dans un monde blessé par des siècles d’injustice. Beaucoup, parmi les plus fragiles, sont manipulés par des pensées cruelles qui ne croient plus en l’autre.
L’appel de Dieu, l’Eternel, l’Unique, le Proche, est bien en effet de « choisir le chemin de la Vie » (Cf Deutéronome, Evangile de St Jean).
Mais cela présuppose que nous acceptions de construire la justice et que nous permettions à tous de participer à la construction de « la maison commune », dont parle le pape François à propos de la terre.


Le Président de la Conférences des Evêques de France, Mgr Ponthier, a appelé à une journée de jeûne et de prière vendredi, pour la France et la paix dans le monde. Le CCFD-Terre Solidaire propose à ceux qui le souhaitent de s’y associer. Que peuvent apporter la prière et le jeûne, qui est de plus en plus pratiqué par des non croyants ?

Quand on vit le temps du deuil et de la tristesse, le jeûne s’impose et la prière monte en nous, comme une respiration lente. Je dirais que cet appel au jeûne et à la prière est vital que nous puissions vivre, de manière simple, discrète mais effective, le temps du manque, de la pauvreté et de la sobriété qui sont les expressions de la dignité humaine et de la vie intérieure.
C’est d’abord un temps pour accueillir en nous-mêmes ce que Dieu veut nous dire. Cette Parole, nous ne pouvons pas la recevoir dans le trop-plein de notre consommation et de nos activités, dans le débordement de l’émotion et de la colère. Le jeûne et la prière sont des attitudes d’écoute et de réception.
Dans le silence et dans la réserve, l’Esprit de Dieu parle au cœur de chacun et lui inspire le sentiment juste. Celui dont nous avons besoin pour relever le défi de la Vie et de la solidarité humaine.

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