Réduire la pauvreté à Madagascar

Publié le 14.03.2013| Mis à jour le 08.12.2021

Agir en faveur du développement durable dans un pays très pauvre dirigé par un régime de transition non-élu, n’est-ce pas une gageure ? « C’est un vrai défi, convient en souriant Herimena Ratsimbarison, agronome de 36 ans, mais il ne faut pas désespérer, l’horizon politique s’éclaircit.


Lors des prochaines élections présidentielles, fixées au 24 juillet 2013, ni l’actuel président de la Haute autorité de transition (HAT), Andry Rajoelina, ni son prédécesseur et rival Marc Ravalomanana, ne vont pas être candidats. Un renouvellement démocratique est donc possible. »

Herimena est engagé depuis cinq ans au sein de l’ONG HARDI, sigle d « Harmonisation des actions pour la réalisation d’un développement intégré ». A Madagascar, on ne craint pas les intitulés à rallonge !

Trois axes d’intervention

« Nous contribuons au développement intégré et durable au travers de trois types d’actions, reprend Herimena. D’abord, un volet éducatif. C’est le noyau dur de nos interventions. Nous favorisons surtout la scolarisation des enfants pauvres des quartiers populaires d’Antananarivo, la capitale, ainsi que de communes rurales environnantes. Nous motivons notamment les parents pour qu’ils envoient leurs jeunes enfants à l’école. Pour ce faire, nous disposons du soutien du Programme alimentaire mondial (PAM), qui permet aux familles modestes de s’acquitter de frais de cantine très réduits. Nous multiplions aussi les activités périscolaires (théâtre, cirque, classe verte) qui sont autant d’alternatives à la rue et à ses dangers.
Le second volet, en plein essor, concerne la sécurisation foncière. A Madagascar, 1/15e seulement des terres cultivables dispose d’un titre de propriété. Une situation qui favorise l’accaparement des terres. Le cas de l’entreprise italienne Tozzi Green, filiale de la multinationale Tozzi holding, illustre bien ce phénomène. Celle-ci s’est lancée dans la production d’agrocarburants, à partir de la mise en culture de jatropha sur plus de 10 000 hectares, à Ihorombe dans le sud de la Grande Ile. Ces spoliations de terres sont légalement possibles car le système actuel de titrement est dissuasif pour la plupart des paysans. Pour obtenir le précieux titre de propriété, ils doivent se rendre au chef lieu de district, au terme d’un voyage d’une demi-journée minimum lorsque la route est praticable, satisfaire à de multiples demandes bureaucratiques qui peuvent s’étaler sur six mois et payer un coût prohibitif pour leur maigre budget. HARDI, pionnier en la matière, a décidé de lancer – en concertation avec d’autres acteurs de la société civile et le programme national foncier – un système de délivrance de certificats fonciers, à la fois décentralisé et simplifié. Le paysan les obtient auprès du guichet foncier de la commune sur la base d’attestations des Anciens et de ses voisins qui connaissent la délimitation des parcelles et témoignent que tel ou tel paysan est bien celui qui les met en valeur. HARDI a recruté les agents du guichet foncier de la commune et participé à leur formation. Au total, l’ONG a sécurisé les agriculteurs et contribué à la modernisation du cadastre : les vieilles archives papier en piètre état sont progressivement remplacées par des bases de données numérisées.

Sécurisation foncière au service du développement rural

Ces démarches simplifiées bénéficient d’un réel engouement. Ainsi, sur la seule commune de Miadanandriana, située à 80 kilomètres au sud d’Antananarivo, et qui compte 10 000 habitants, 250 familles déjà disposent de ces certificats fonciers et sont prémunies contre les risques d’expulsion.

Sur ces terrains sécurisés, il est possible de promouvoir l’agriculture familiale. C’est notre 3e volet d’action. Nous n’oublions pas que la population malgache – 22 millions d’habitants – demeure rurale à plus des 2/3. Là, les efforts d’HARDI prennent souvent la forme d’aide à la création de micro-entreprises de transformation des produits agricoles. Par exemple, dans la filière « pok-pok », un petit fruit tropical de couleur orangée et au goût acidulé, encore appelé « cerise de terre ». Grâce à un équipement rudimentaire, les agriculteurs peuvent le transformer en confiture. Ils s’approprient la valeur ajoutée et obtiennent des revenus rémunérateurs en court-circuitant les intermédiaires. Dans d’autres communautés rurales, nous avons procédé de la même manière avec la filière apicole et la production de miel. Malgré les formations délivrées aux agriculteurs, les résultats sont encore fragiles. Sur huit micro-entreprises lancées au cours de l’année 2009, seules deux d’entre elles peuvent être qualifiées de stables et autonomes ; les six autres ont encore besoin de notre soutien.

L’ONG a été créée en 1993 et compte à présent une trentaine de salariés (y compris ceux du siège). Nous sommes convaincus que pour toutes les actions, il faut faire partir le développement des communautés de base, les Fokonolona. C’est sans doute plus long, mais à terme, les acquis s’inscrivent dans la durée. »

Propos recueillis par Yves Hardy

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