Le climat et l’environnement, une question de justice sociale

Publié le 09.07.2015| Mis à jour le 08.12.2021

Les changements climatiques ne sont qu’un aspect de la dégradation générale de notre environnement. Les conséquences de cette détérioration ne respectent pas les frontières mais ses impacts, sociaux, économiques, politiques et sanitaires sont différents selon les personnes et les populations.


Les plus démunis sont les principales victimes des changements climatiques car très souvent, leurs moyens de subsistance dépendent directement de l’environnement et des ressources naturelles.
La perte de la biodiversité perturbe par exemple les communautés forestières et côtières du Bangladesh qui y puisaient leur alimentation mais aussi les matériaux nécessaires à la construction de leurs habitations.
Les défis auxquels nous sommes confrontés dans les domaines de l’énergie, de l’agriculture et de la pêche – dégradations des sols agricoles, hausse des prix des matières premières, raréfaction des ressources halieutiques – laissent présager de graves difficultés d’accès aux ressources pour les personnes les plus fragiles partout dans le monde [[Rapport sur le développement humain, «Durabilité et équité : un meilleur avenir pour tous », PNUD, 2011, 202p.]] .

Des données inquiétantes au vu des 5 millions de ménages en situation de précarité énergétique en France qui arbitrent déjà entre se chauffer, se déplacer et se nourrir [[ONPE, Définitions, indicateurs, premiers résultats et recommandations, 2014, 40p.]] .

En renforçant des inégalités sociales et économiques, ces dégradations environnementales amplifient directement ou indirectement les flux de migrations au Nord et au Sud.
En 2005, 1 200 000 personnes quittent la Nouvelle-Orléans à cause de l’ouragan Katrina. Seulement un tiers d’entre elles est revenu par la suite [[F. Gemmene, interview accordée à Actu-environnement le 7 septembre 2011. Il précise que « La plupart des migrations environnementales se font généralement sur des distances limitées, ce qui rend ces flux peu visibles aux yeux du grand public et des médias ».]].
Ces détériorations contribuent aussi à créer de nouvelles inégalités, notamment sur le plan sanitaire et nutritionnel. Selon le PNUD, « la moitié des cas de malnutrition dans le monde sont dus à des facteurs environnementaux, comme la pollution de l’eau et la sécheresse, perpétuant un cercle vicieux d’appauvrissement des populations » [[Rapport sur le développement humain, «Durabilité et équité : un meilleur avenir pour tous », PNUD, 2011, 202p.]] .

Des responsabilités différentes

Dans de nombreux cas, les populations défavorisées sont les principales victimes des détériorations de l’environnement, alors qu’elles y ont moins contribué et sont moins en capacités de s’en protéger.
Le mode de vie des pays à hauts revenus, et des groupes sociaux les plus aisés dans le monde, participe davantage à ces détériorations.
Une réalité décrite par notre empreinte écologique [[Indicateur qui évalue les ressources naturelles nécessaires pour produire ce que consomment un individu, une population ou une activité et pour assimiler les déchets correspondants, en les ramenant conventionnellement à la surface de la Terre qui permet de les fournir (Journal officiel du 13 juillet 2012)]] : si tous les habitants de la Terre avaient une consommation moyenne équivalente à celle de la population du Canada, il faudrait 3,5 planètes pour répondre à nos besoins, contre moins d’une planète pour une consommation moyenne égale à celle de la population bolivienne.
Mais, on constate aussi que 10% des Canadiens dont les revenus sont les plus élevés ont une empreinte écologique en moyenne 2,5 fois supérieure à celle des 10% des Canadiens les plus pauvres.
En plus d’un problème de redistribution, cette situation illustre les effets d’un modèle de développement non viable compte tenu des ressources limitées de notre planète.

Elle appelle à un renouveau de la justice sociale et à un renforcement de la solidarité, non pas pour les pauvres mais avec et à partir d’eux.

« Dans la précarité énergétique, il y a une part de responsabilité personnelle et une part de responsabilité collective. Si on ne dit pas que je suis responsable dans ce qui m’arrive, je ne trouve pas de solution, je ne peux rien faire. »
Paroles d’une personne en situation de précarité, « Manger ou se chauffer, il faut choisir ! » », Revue Projet 1/2015 (N° 344), p. 15-18

Dans son encyclique de 2009, Benoît XVI écrit que l’environnement naturel « a été donné à tous par Dieu et son usage représente pour nous une responsabilité à l’égard des pauvres, des générations à venir et de l’humanité tout entière « [[Benoît XVI, Encyclique Caritas in Veritate, § 48. ]] . Il invite à renouveler l’interprétation du principe de la « destination universelle des biens » issu de la pensée sociale de l’Église catholique pour y intégrer les générations futures.

L’enjeu est de taille, car il en va aussi de la paix. Les conséquences du changement climatique et les frustrations liées à un accès inéquitable aux ressources contribuent à aggraver des crises existantes (la crise du Darfour a coïncidé avec une grande sécheresse) et à provoquer des conflits violents.

Questions pour un partage :

Dans le Livre de la Genèse les biens de la terre sont destinés équitablement à tous les Hommes qui y habitent, aujourd’hui et demain. Peut-on en faire une réalité ?
« Vivre simplement pour que d’autres puissent simplement vivre » disait Gandhi. Comment cette phrase résonne-t-elle pour moi après la lecture de ce texte?

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