COP22 : « l’Odyssée des alternatives Ibn Battûta », une flottille pour la justice climatique
Plusieurs associations et mouvements citoyens d’Afrique et d’Europe ont choisi de faire de l’avant-COP22 un temps fort de la mobilisation en faveur de la justice climatique. Embarqués dans la flottille baptisée « l’Odyssée des alternatives Ibn Battûta », ils traverseront la Méditerranée en 6 escales, du 19 octobre au 11 novembre 2016. Une initiative soutenue par le CCFD-Terre Solidaire.
La 22e Conférence des Parties sur le changement climatique (COP22) se déroulera du 7 au 18 novembre 2016 à Marrakech. Ce premier rendez-vous après l’Accord de Paris en 2015, portera notamment sur le financement et sur les stratégies d’adaptation, deux enjeux primordiaux pour les pays du pourtour méditerranéen, en première ligne des dérèglements climatiques.
Dans ce contexte, associations et mouvements citoyens d’Afrique et d’Europe – dont le partenaire franco-marocain IDD du CCFD-Terre Solidaire – organisent une flottille « L’Odyssée des alternatives Ibn Battûta » sur la justice sociale et climatique, du 19 octobre au 10 novembre 2016.
Au moins deux voiliers relieront par la mer et en six escales les deux rives de la Méditerranée : après un départ de Barcelone le 19 octobre, les bateaux feront escale à la Seyne-sur-Mer, en France, le 22 octobre, à Porto Torrès, en Italie, le 23 octobre, à Tunis le 28 octobre, à Alger le 4 novembre, pour arriver à Tanger le 10 novembre.
Rythmée par des forum citoyens, fêtes des alternatives, cette Odyssée fera écho aux enjeux de justice sociale, de climat et de migrations ainsi qu’aux solutions qui émergent déjà sur les rives de la Méditerranée et du Sahel.
Elle constituera un moment fort de développement des capacités, d’organisation et de soutien aux pratiques de transition et d’adaptation basée sur les écosystèmes et les communautés.
Pourquoi l’Odyssée des alternatives Ibn Battûta ?
Selon le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC), la Méditerranée constitue l’un des « hot spot » (« point chaud » en français) des grands bouleversements en cours. Si les principaux émetteurs de carbone n’infléchissent pas drastiquement leurs émissions de gaz à effet de serre, d’ici 35 ans seulement, 290 millions de Méditerranéens seront menacés de pénurie d’eau douce.
Les eaux de surface se réchaufferont de 2 à 4 degrés d’ici à la fin du siècle, entraînant l’effondrement de pans entiers de nos économies et de gigantesques pertes de biodiversité. Sur la cote atlantique, des villes comme Casablanca, au Maroc, ou encore Dakar, au Sénégal, risquent d’être tout simplement rayées de la carte.
Par ailleurs, le Sahel et la Méditerranée sont en proie à de fortes tensions géopolitiques et à l’exacerbation de la haine. Des conflits armés sévissent sur leurs rives ou dans leur pourtour. Des centaines de milliers de personnes les traversent chaque année afin de fuir la guerre, la misère, et les premiers effets du changement climatique. Elles y trouvent souvent la mort tandis que l’Europe s’emmure.
L’Agence des Nations Unies pour les réfugiés considère que 300 000 migrants ont traversé la Méditerranée en 2016 et que 10 000 sont morts en traversant depuis 2014.
Quel(s) horizon(s) à long terme ?
Face à ces périls immenses, rien n’est encore perdu. Les solutions et aspirations alternatives se développent et résistent. Elles concernent l’énergie, l’habitat, le transport, les nouvelles technologies, l’agriculture, la pêche, l’artisanat, l’énergie, la santé, la culture, l’industrie, le tourisme, la préservation de la biodiversité et des ressources naturelles…
Elles inventent de nouvelles formes de solidarité et de coopération dans les communautés locales et avec les migrants et réfugiés. Elles appellent de nouvelles manières de partager les terres et les ressources. Elles portent un renouveau démocratique respectueux de la pluralité.
Des millions de personnes sont partout en action et font progresser le monde de demain. Souhaitant prendre de vitesse la menace climatique et le déploiement des barbelés, elles cherchent à se relier et à s’unir.
« J’abandonnais ma demeure comme des oiseaux abandonnent leur nid »
Abu Abdullah Muhammad Ibn Battûta, plus connu sous le nom d’Ibn Battûta, nait en 1304 à Tanger, au Maroc, dans une riche famille de lettrés berbères.
Après avoir suivi des études de théologie, il entreprend un pèlerinage à la Mecque l’année de ses 21 ans. Ce voyage est le premier d’une série de quatre, étalés sur une trentaine d’années, et qui feront de lui l’un des plus grands explorateurs de son temps. « J’abandonnais ma demeure comme des oiseaux abandonnent leur nid », dira Ibn Battûta dans ses mémoires.
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