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Au Brésil, l’impact de la viande vendue par Casino sur la forêt et les habitants de l’Amazonie

Publié le 07.07.2021| Mis à jour le 14.12.2021

« L’affaire » Casino montre les conséquences de la production de viande sur la forêt amazonienne et ses habitants. C’est en documentant la déforestation en Amazonie, mais aussi l’esclavage moderne et l’expulsion de peuples autochtones que les enquêteurs sont remontés jusqu’au groupe Casino.
Un véritable travail d’enquête mené en Amérique latine par plusieurs organisations, notamment la Commission pastorale de la terre au Brésil, que nous soutenons.

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C’est une chaîne planétaire qui a conduit le groupe de distribution Casino en justice.
Trois militants, parmi des centaines d’autres, en faisaient partie : Xavier Plassat qui lutte contre l’esclavage moderne depuis l’Amazonie ; Michel Laforge qui appuie les communautés de peuples autochtones depuis l’Equateur ; Marcel Gomes qui mène l’enquête, à Sao Paulo, sur le respect des droits humains par les producteurs brésiliens.

Un devoir de vigilance des entreprises françaises

Ces trois militants ont contribué à ce que la chaîne Casino soit assignée en justice devant le tribunal de Saint-Etienne « pour des faits de déforestation et de violation de droits humains dans sa chaîne d’approvisionnement ».

La procédure s’appuie sur la loi sur le devoir de vigilance, pour laquelle s’est beaucoup battu le CCFD-Terre Solidaire, et qui a été adoptée en mars 2017 par le parlement français. Cette loi impose aux entreprises « de prendre des mesures adaptées pour prévenir les atteintes graves aux droits humains, à l’environnement et à la santé et sécurité des personnes résultats de ses activités, de celles de ses filiales, fournisseurs et sous-traitants ».

Lire aussi : Tout comprendre de la loi sur le devoir de vigilance (FAQ)

Le groupe Casino est le leader de la distribution au Brésil via sa filiale Grupo Pao de Açucar.

« L’esclavage est très présent dans la production de viande »

Xavier Plassat ne s’intéressait par spécifiquement à Casino. « J’y suis arrivé par les conditions de travail chez ses sous-traitants » livre-t-il.

Ce frère dominicain est l’un des responsables de la coordination nationale contre l’esclavage moderne. Membre également de la Commission pastorale de la terre ( CPT), il vit depuis 1998 dans la municipalité d’Araguaina, au nord de Brasilia. Une région d’Amazonie, déboisée par les grands propriétaires pour développer la culture du soja ou l’élevage.

« L’esclavage est très présent dans la production de viande » affirme Xavier Plassat. La notion d’esclavage est définie par l’article 149 du code pénal brésilien.

Il peut être dû à l’imposition de conditions de travail dégradantes ou exténuantes. Il est pratiqué, parfois, pour rembourser une dette. Il empêche la liberté d’aller et venir de la personne concernée.

« Casino dit que sa filiale fait signer des engagements à ses fournisseurs concernant de bonnes conditions de travail. Mais, la filière de l’élevage est composée d’une chaîne de sous-traitants et toute la chaîne n’est pas contrôlée. Surtout depuis l’élection du président Jaïr Bolsonaro » observe Xavier Plassat.

« Notre but est que les consommateurs finaux achètent en connaissance de cause »

A plusieurs milliers de kilomètres d’Araguaina, le dominicain a pu compter sur l’expertise de l’ONG Reporter Brasil. L’un de ses membres basé à Sao Paulo, Marcel Gomes, a remonté la chaîne d’approvisionnement de viande de la filiale de Casino.

Depuis les abattoirs du premier producteur de viande brésilien JBS jusqu’aux deux immenses propriétés qui avaient élevé le bétail. « Nous voulions identifier la viande provenant de terres enlevées à des communautés autochtones amazoniennes et déboisées pour en faire des pâturages, en dépit des lois les protégeant » explique Marcel Gomes.

Son ONG brésilienne, forte de 25 salariés et du soutien de fondations privées, s’est faite une spécialité de l’identification des chaînes de production dans des domaines comme l’agriculture ou les mines.

« Notre but est que les consommateurs finaux achètent en connaissance de cause. Ils peuvent alors, en transparence, exercer leur droit et leur responsabilité de boycotter les produits qui ne respectent pas leurs convictions » précise Marcel Gomes.

Des expulsions de terres des peuples autochtones réalisées dans une violence extrême

L’accaparement des terres par les grands propriétaires au détriment des peuples autochtones a conduit à un désastre environnemental.

Il est aussi le fruit de la violence. « Des peuples des forêts sont éjectés de leurs propriétés par des hommes armés. Ils sont contraints de se réfugier sur d’autres terres ou dans les villes. On ne peut pas imaginer le niveau de violence que ces indigènes endurent ! » s’insurge Michel Laforge, secrétaire technique de l’Alliance globale des communautés territoriales des peuples des forêts.

Basé à Quito, en Equateur, il a collaboré à l’étude de l’ONG française Envol Vert qui démontrait le lien entre la déforestation et la vente de viande au groupe Casino, en se servant du traçage rigoureux effectué au Brésil sur le parcours des vaches abattues.

Michel Laforge est satisfait de cette assignation en justice du groupe Casino car « le consommateur doit être informé que le groupe de distribution où il fait ses achats tire une partie de ses bénéfices de la vente de viande produite au Brésil dans des conditions discutables. »

Il précise aussi, avec satisfaction, que les ONG ont mené ce combat aux côtés des peuples autochtones de l’Amazonie brésilienne et colombienne, parties prenantes dans cette procédure.

Pierre Cochez

Lire aussi : Radar du devoir de vigilance : quelles sont les entreprises hors la loi ? (Rapport)
Pollution de Chevron en Equateur : comment obtenir justice face aux multinationales ?
Dossier : Face à EDF, le combat d’une communauté autochtone mexicaine pour faire reconnaître ses droits

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