Brésil : Le père Amaro, défenseur des sans terres, est libéré !
Le père José Amaro Lopes, prêtre et défenseur des droits des sans terres au Brésil, arrêté et incarcéré depuis trois mois, a été libéré le 29 juin 2018, dans l’attente de son procès.
Défenseur des droits des sans terres, le père José Amaro est accusé « d’invasions illégales de terres publiques et privées avec armes à feu » et « d’extorsion de fonds auprès de propriétaires terriens ».
Lire aussi notre article : Au Brésil, le père José Amaro, défenseur des sans-terres, est jeté en prison
Après 90 jours d’emprisonnement, la justice a finalement accordé « l’habeas corpus » au père Amaro. Grâce à cette règle de droit, il va pouvoir préparer sa défense en liberté – et donc davantage en sécurité – en attendant son procès.
La justice reconnaît en effet que sa détention n’est pas justifiée en l’absence d’autres agents impliqués dans la plainte, ce qui exclut « l’existence d’une organisation criminelle ». Selon nos organisations partenaires sur place, « tout semble indiquer que les plaintes ont été instruites dans le but de paralyser l’action du père Amaro. »
La Coordination nationale de la Commission pastorale de la Terre, la Prélature de Xingu et de la Société du Pará pour les Droits Humains ont expliqué au CCFD-Terre Solidaire à quel point ils sont soulagés de cette décision.
Ils espèrent qu’elle annonce le début d’une justice rétablie en faveur d’un prêtre connu pour son engagement pour les droits des plus faibles. Le père Jose Amaro est en effet très engagé auprès des petits paysans pour défendre leur droit à la terre, constamment piétiné par les grands propriétaires fonciers.
Dans une note publique, les organisations brésiliennes qui travaillent avec lui souhaitent que :
« la véritable justice soit pleinement établie et que le Père Amaro et ceux et celles qui luttent pour défendre les pauvres, les sans terre et les exclus des conditions de vie dignes, puissent continuer leur travail en paix, en tant que citoyens, et fils et filles de Dieu ».
Au delà de l’Eglise locale, ce sont donc aussi les mouvements sociaux paysans, les associations de droits humains et les communautés avec lesquelles le père Amaro travaille directement qui se réjouissent de la décision.
Une augmentation de la violence et des diffamations à l’égard des défenseurs des droits des paysans
Mais ces organisations craignent toujours pour l’avenir. Le climat de tension et de violence perdure à Anapu. La CPT y a déjà enregistré 13 meurtres depuis 2015.
La criminalisation du père Amaro est représentative des répressions courantes aujourd’hui au Brésil . Dans un contexte de violents conflits fonciers, on assiste à une augmentation des menaces, des diffamations, agressions et exécutions de personnes qui luttent pour la réforme agraire, l’égalité des droits et la défense de l’environnement contre l’avancée de l’agrobusiness.
Cette tentative de bâillonner le père Amaro s’inscrit dans la continuité de l’assassinat en 2005 de Sœur Dorothy Stang, membre de l’équipe de la CPT également à Anapu, qui avait provoqué une répercussion sans précédent au niveau national et international. Le curé d’Anapu apparaît d’ores et déjà comme une nouvelle victime des fazendeiros, les grands propriétaires qui ont la main mise sur le secteur agro-alimentaire.
La défense des droits des paysans et des populations traditionnelles dans l’état du Para et sur l’ensemble du territoire brésilien, qui était le combat de sœur Dorothy Stang, continue aujourd’hui d’être celui du père Amaro, des agents pastoraux de la CPT, des Sœurs de Notre Dame de Namur qui, quotidiennement, poursuivent leur engagement, souvent au péril de leur vie, afin que les familles paysannes puissent vivre dignement, aient accès à la terre et préservent la forêt.
Cependant ces projets sont violemment combattus par les propriétaires fonciers, les grileiros [[personnes qui s’approprient la terre avec de faux titres de propriété]], les exploitants des ressources forestières, qui sont désireux d’augmenter leurs négoces dans la région. Ils s’opposent avec véhémence aux redistributions des terres et à la démarcation des terres indigènes.
Maintenant que le père Amaro est libre, que la vérité soit faite et qu’une justice impartiale et au service du peuple brésilien soit rendue !
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