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Covid-19 : le secteur de la pêche durement touché en Indonésie

Publié le 26.05.2020| Mis à jour le 07.12.2021

Le gouvernement indonésien a tardé à prendre des mesures de prévention face à la propagation du coronavirus. L’économie est fortement ralentie et les pêcheurs artisanaux payent un lourd tribu.


En janvier et février, alors que Singapour, la Malaisie et les Philippines signalaient plusieurs cas, l’Indonésie, pays de 260 millions d’habitants, semblait épargnée de toute contamination au Covid-19 ; jusqu’au 2 mars, date de l’enregistrement du premier malade dans l’archipel.

Sous tension pour avoir tardé à intervenir (voir encadré ci-dessous), le gouvernement est également critiqué pour la faiblesse des mesures en faveur des travailleurs en difficulté. Selon les données du ministère du Travail, au 19 avril, 1,9 million de personnes auraient perdu leur emploi dans le secteur formel et informel. Un bilan amené à évoluer à la hausse.

Certes, le 9 avril, le gouvernement a débloqué 331,8 Trillion Rupiah (environ 21 milliards d’euros) pour un programme d’assistance comportant notamment des distributions d’argent. Mais notre partenaire Asia Monitor Resource Centre évoque un tour de passe-passe du gouvernement. La grande partie des fonds alloués proviendrait en effet de programmes déjà engagés avant la crise sanitaire.

Lire aussi / Covid-19 en Asie : quand les États autoritaires instrumentalisent la lutte contre la pandémie

6 millions d’emplois

Selon Focus on Global South, aussi soutenu par le CCFD-Terre Solidaire, la situation du secteur de la pêche artisanale est particulièrement préoccupante. Six millions d’emplois directs sont en jeu et des millions d’autres seront touchés indirectement. L’essentiel de la flotte de pêche indonésienne est composé d’embarcation dont la jauge ne dépasse pas les dix tonneaux. Si les produits de la mer contribuent à plus de 54 % à l’apport en protéine des repas des Indonésiens, les pêcheurs représentent 25 % de la population pauvre de l’archipel. Et une grande majorité d’entre eux vivent sous le seuil de pauvreté. La crise économique liée à la propagation de l’épidémie les rend d’autant plus vulnérable.

Selon un sondage effectué par l’organisation Indonesian Traditional Fisherfolk Union (DPP KNTI), le prix des produits de la mer a nettement baissé depuis le début de l’épidémie. Les grossistes n’assurent plus le relais du fait d’une chute de la demande au niveau local et international. Et sur les marchés de détail, moins fréquentés, les ventes sont faibles et les pêcheurs se retrouvent avec du stock. En parallèle, les coûts d’exploitations – prix du carburant, produits nécessaires à la désinfection en ces temps de pandémie – ont augmenté, impactant les revenus.

L’aquaculture aussi touchée de plein fouet

Ces difficultés sont également ressenties dans l’aquaculture où les prix de vente ont chuté de moitié. L’écroulement de la demande locale et internationale s’explique notamment par l’impact de la crise sanitaire sur la restauration et le secteur touristique.

Dans certaines régions, les éleveurs de poisson peinent également à se fournir en médicament ou en nourriture. Les prix des nutriments nécessaire aux élevages ont grimpé. Au point que, pour limiter leurs coûts d’exploitation, certains éleveurs tentent de vendre leur production de manière plus précoce. C’est notamment le cas des producteurs de langoustes à Lombok Est et à Java Est.

Faites de ressources suffisantes, des pêcheurs puisent dans leurs économies pour faire face aux dépenses urgentes, d’autres se convertissent en journalier ou décident de rester à terre, abandonnant pour un temps la pêche.

Des pistes pour soutenir la filière

DPP KNTI formule plusieurs pistes pour soutenir la filière. Au niveau des villages, la pratique de la distanciation sociale étant souvent mal comprise, l’association appelle à une campagne d’information auprès des communautés de pêcheurs et d’éleveurs ainsi que la mise en place de mesures de prévention.

Cette crise pourrait aussi être, selon l’organisation, l’occasion d’accélérer le processus de digitalisation de la filière afin de permettre aux petits producteurs d’accéder directement aux marchés, en évitant l’écueil des trop nombreux intermédiaires.

Enfin, elle demande aux autorités de garantir aux pêcheurs et aux fermes aquacoles un accès au micro-crédit.

Par Christine Chaumeau

Une intervention tardive

Le président Joko Widodo a refusé d’imposer un confinement strict au niveau national laissant les autorités régionales, dotées d’une forte autonomie, adapter leur stratégie.
Le 6 avril, le gouverneur de Jakarta a demandé au ministère de la Santé, l’autorisation d’imposer dans la capitale des mesures de distanciation sociale. Il a été suivi depuis par 11 villes et provinces. Ces mesures restent peu respectées faisant craindre, à certains analystes, un scénario à l’italienne avec une explosion importante des cas en mai et juin.

Quelques semaines après l’introduction d’une forme allégée de confinement dans certaines parties du territoire, le nombre de contamination continuaient d’augmenter. Selon le ministère de la Santé, on comptait, au 17 mai, 17 514 cas de Covid-19, dont 1 148 décès.

Aller plus loin :

Indonésie : des pêcheuses luttent contre la privatisation de leur île

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