Manoel Rodrigues de Souza Junior

Publié le 09.10.2007| Mis à jour le 07.12.2021

Travaillant comme cordonnier dès l’âge de dix ans, Manoel Rodrigues de Souza Junior s’est investi très tôt dans une communauté ecclésiale de base (CEB) à Fortaleza, au Nord-Est du Brésil. Désormais membre de la coordination de la Pastorale Ouvrière, il milite pour une Eglise qui se batte aux côtés des exclus contre les ravages du capitalisme.


Le rôle de l’Eglise par apport au monde du travail
L’Eglise ne peut pas rester silencieuse devant la grave situation que vit le monde du travail, comme elle ne peut pas rester non plus sans rien faire face aux défis que lui posent les rapides transformations dues à la mondialisation. Sa mission, dans ce contexte, impose la nécessité d’être activement présente aux côtés de ceux qui sont victimes d’injustices, des exclus de la société. Avec une lucidité prophétique, elle doit chercher à interpréter les souffrances de notre peuple et mettre au centre de sa mission évangélisatrice la vie humaine et non l’institution.

Comprendre que l’Eglise n’est pas seulement le clergé mais, par-dessus tout, le peuple de Dieu, les pauvres et les misérables de cette société déshumanisée et égoïste, car c’est à travers eux que l’on va à la rencontre de Jésus.

Si l’Eglise ne veut pas travailler en mettant cette nouvelle réalité urbaine au centre de ses préoccupations, à une nouvelle évangélisation libératrice, en s’appuyant sur les luttes populaires et en incluant les cultures qui ont survécu sur le continent latino-américain, si elle n’assume pas sa mission, elle court le risque de devenir sans valeur dans la société contemporaine.

Comment l’Eglise peut/doit aider au développement de l’Economie Solidaire
L’Eglise a besoin, de manière prophétique et avec détermination, de faire la critique de l’économie capitaliste qui exclut, en montrant clairement que la misère et la destruction de la vie humaine et de l’environnement ne sont pas les fruits du hasard, mais la conséquence d’une course vers le profit et la suprématie du capital sur la personne humaine.

Elle a besoin également d’appuyer l’économie solidaire dans la recherche d’une législation permettant la création d’une structure destinée à promouvoir la solidarité et qui rompe avec toutes les formes de destruction et d’exploitation de la vie sur la planète.

La Pastorale ouvrière, représentant les pastorales sociales au sein de la Conférence nationale des évêques du Brésil, participe au Conseil national de l’économie solidaire, lui même lié au Secrétariat de l’économie solidaire du Gouvernement fédéral. Cette initiative est très importante car elle rend possible la présence de l’Eglise dans l’élaboration et la construction de politiques dans ce domaine.

La Pastorale ouvrière comprend qu’il est nécessaire d’avancer en ce qui concerne les expériences d’économie solidaire, mais on ne peut pas travailler seulement sur le question des revenus des travailleurs. Plus que cela, il est nécessaire de créer une pédagogie qui permette à ces travailleurs une interprétation de la réalité dans le sens où ils doivent avoir le sentiment d’être les sujets de la construction de leur propre destin.

Propos recueillis par Jean-Claude Gerez

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