Plaidoyer pour la paix en RDC, en Israël Palestine, et en Colombie

Publié le 14.08.2021| Mis à jour le 07.01.2022

À travers ses partenariats, le CCFD-Terre Solidaire est présent dans de nombreuses régions en conflit. Une connaissance de terrain précieuse pour faire du plaidoyer pour la paix.


Après onze jours de violence, les armes se sont tues le 21 mai 2021. Le conflit entre l’armée israélienne et les groupes armés de Gaza ont fait plus de 240 morts palestiniens et 12 morts côté israélien.

Au-delà des victimes, l’impact psychique est immense. « Pendant l’explosion de violence, on a fait un travail d’aide psychologique quotidien auprès de nos partenaires, explique le service Moyen-Orient du CCFD-Terre Solidaire. Nous les avons écoutés et leur avons exprimé notre solidarité. Ils nous ont d’ail­ leurs dit que ces marques de soutien ont fait la diffé­rence, car ils se sentent abandonnés par la commu­nauté internationale. » Au-delà de ce contact étroit avec les partenaires, l’ONG a aussi renforcé son travail de plaidoyer pour la paix auprès des institutions internationales. « Dans ces moments de crise aiguë, c’est important. Nous “profitons” du focus sur ces zones de conflits pour mettre en lumière les messages que nous portons. »

Le CCFD-Terre Solidaire compte des partenaires dans de nombreux pays en situation de conflit armé et de post-conflit. En Colombie, par exemple, qui a vécu plus d’un demi-siècle de guerre civile et dans la région des Grands Lacs, marquée par des événements dramatiques comme le génocide des Tutsi au Rwanda en 1994, les stratégies partenariales et de plaidoyer pour la paix sont au centre de son action.

Partenariat par-delà les frontières

« Nous sommes présents dans la région des Grands Lacs depuis plus de 25 ans, rappelle Samuel Pommeret, chargé de mission. Beaucoup de choses ont changé, mais notre approche est toujours d’œuvrer pour la paix, la transformation sociale et la résolution des conflits. »

D’autant que l’insécurité demeure. « Dans l’est du Congo par exemple, des groupes armés se financent par le trafic des ressources naturelles. Quant au Burundi, c’est un pays en pleine faillite démocratique. » D’où l’importance d’appuyer des partenaires variés, travaillant sur deux axes : le modèle agricole et la gestion des ressources naturelles, et la promotion du vivre-ensemble, de la cohésion sociale et de la citoyenneté. « Ce qui nous intéresse, c’est leur vision et leur volonté de transformer leur environne­ ment pour construire une société plus juste et plus solidaire », insiste Samuel Pommeret. Avec la perspective pour tous ces partenaires que « ce soit des femmes rurales de RDC ou des jeunes de Bujumbura, de (ré)apprendre à se faire confiance, de collaborer et de construire du commun ».

La démarche est similaire en Israël-Palestine où le CCFD-Terre Solidaire compte une douzaine de partenaires, également répartis entre les deux pays. « En Palestine, le partenariat s’articule autour de trois axes principaux : la jeunesse et la citoyenneté, avec diverses activités dont l’objectif est de former des citoyens de demain capables de défendre leurs droits ; le genre et le patriarcat, à travers notamment une association de femmes journalistes ; et enfin, la souveraineté alimentaire, car dans le Territoire occupé, la terre a une charge symbolique très forte, tout comme la possibilité de consommer local, précise la spécialiste du Moyen-Orient. En Israël, on se concentre plus sur des organisations travaillant sur les droits humains, la justice et la construction d’une société égalitaire. »

Plaidoyer local et international

En dépit de contextes différents, la stratégie partenariale de ces deux régions se rejoint sur la manière de travailler à un niveau régional. « Nous cherchons à faciliter la mise en réseau de nos parte­naires à ce niveau pour permettre des échanges de regards, d’analyses et de pratiques », assure Samuel Pommeret. En 2018 et 2019, deux rencontres ont été organisées par le CCFD-Terre Solidaire entre Accord Burundi qui travaille sur la sécurisation foncière, et l’IDFP, un partenaire du Sud Kivu en RDC, dont la mission est axée sur la résolution de conflits fonciers.

Même type d’intervention au Moyen-Orient, où l’ONG soutient le travail d’une organisation palestinienne qui a créé le blog : We are not numbers. Elle vise à donner un visage aux victimes de la guerre de 2014 et recueille aussi des témoignages de Palestiniens, notamment de Gaza, sur leur réalité, leur vie quotidienne.

Un journaliste israélien a ensuite développé avec un journaliste de We are not numbers un média en hébreu Beyond the Wall pour raconter la vie des femmes et des hommes de Gaza aux Israéliens.

« Nous appuyons ces initiatives, qui permettent au grand public de lire l’histoire du point de vue des Palestiniens et de créer des liens entre les deux socié­tés sur une base politique », explique la spécialiste du Moyen-Orient au CCFD-Terre Solidaire.

Cette stratégie répond également à des logiques communes. « Nous soutenons le plaidoyer local de nos partenaires, mais nous développons aussi un plaidoyer vis-à-vis des décideurs français et euro­péens, précise Samuel Pommeret. Nous sommes notamment engagés dans le réseau EurAc (European Network for Central Africa), basé à Bruxelles, où notre connaissance du terrain est reconnue. »

Ce travail en réseau est aussi important en ce qui concerne le conflit israélo-palestinien. Il se fait toujours au sein de collectifs et de mouvements de solidarité plus larges. « Le CCFD-terre Solidaire est membre fondateur de la Plateforme des ONG pour la Palestine qui rassemble une quarantaine d’organisations. Nous sommes aussi membre fonda­teur d’un groupe de travail avec la CIDSE[[La CIDSE regroupe 18 ONG catholiques européennes et nord-américaines qui travaillent dans 120 pays œuvrant pour la justice sociale]], regrou­pant des organisations belge, française, anglaise, irlandaise et allemande. »

Cohérence philosophique

Reste à savoir si l’engagement du CCFD-Terre Solidaire dans des pays marqués par des situations de conflits ou de post-conflits correspond à ses valeurs. Pour Samuel Pommeret, la cohérence est double, en matière d’action et de philosophie. « Lorsque quelque chose ne va pas, il ne suffit pas de dénoncer. Il faut se donner les moyens d’agir avec les citoyens, et solliciter les décideurs. Les deux leviers que sont le partenariat et le plaidoyer répondent aussi à une démarche ancrée dans la doctrine sociale de l’Église qui appelle à la transformation et qui passe par l’action sociale et politique. » Un point de vue partagé par spécialiste du Moyen-Orient. « Notre présence dans les zones de conflits est cohérente, car nous sommes engagés pour le res­pect de la justice sociale et de la paix. En outre, en ce qui concerne la Palestine et Israël, la charge symbo­lique de Jérusalem, ville trois fois sainte, est très importante pour tous les chrétiens. »

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