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Pourquoi le CCFD-Terre Solidaire lance un programme à Bossangoa ?

Publié le 13.06.2014| Mis à jour le 08.12.2021

Bruno Angsthelm, chargé de mission Afrique, revient sur un programme lancé à Bossangoa, une ville du nord de la République de Centrafrique (RCA) très affectée par la crise. Un comité de pilotage entre la préfecture de l’Ouham et la société civile locale est en cours de formation, sous l’égide de l’Association de coopération et de recherche pour le développement (Acord) en RCA. Il vise à lancer une approche inclusive de la reconstruction, en identifiant clairement les besoins et en favorisant le dialogue, avec le soutien du « Programme Paix » du CCFD-Terre Solidaire.


Pourquoi monter un comité de pilotage à Bossangoa ?

Bruno Angsthelm : Parce que Bossangoa se trouve sur l’axe Bangui-N’Djamena et qu’un ancrage sur ce territoire affecté par le conflit nous paraît important. Un financement de l’Union européenne (UE) a été débloqué sur quatre ans et Bossangoa est l’un de nos terrains d’action privilégiés. Ensuite nous irons vers Markounda (au nord de Bossangoa, à la frontière avec le Tchad) Bossambélé (une ville située entre Bossangoa et Bangui) et Bangui, la capitale. Nous pensons aussi proposer la tenue de forums locaux, dans d’autres régions, pour rassembler des personnes engagées, des jeunes, des religieux, souder des groupes et voir comment reconstruire petit à petit la confiance et les liens sociaux. Le CCFD-Terre Solidaire sait opérer de cette manière, mais nous avons plus l’expérience de situations post-conflit que de pays en guerre.

Quel est l’objectif à Bossangoa ?

Notre partenaire Acord va investir dans la relance de l’économie locale, tout en travaillant sur le lien social. Nous suivons un programme de développement plus classique, avec appui au développement agricole, des filières karité et miel par exemple. Ce projet comporte un volet axé sur la reconstruction du lien social, que nous espérons bientôt axé sur le retour des musulmans et de la communauté peule. Il passera par l’appui des projets de paix communautaires, avec des formations des jeunes, des femmes et des autorités locales à la médiation, la résolution pacifique des conflits, la bonne gouvernance et la justice post-conflit. Ce comité de pilotage représente un cadre expérimental, mais il prend du temps à mettre en place à cause du contexte de guerre.

Avez-vous parfois un sentiment d’impuissance ?

Nous sommes confrontés à ce sentiment que partagent nos partenaires à cause de la situation de conflit. Aux handicaps de départ s’ajoute la guerre et la méfiance.
La crise nous a pris au dépourvu. Nous avions des idées, quand nous avons lancé le programme paix fin 2012, qui sont devenues impossibles à réaliser… Nous voulions par exemple soutenir notre partenaire, l’Observatoire centrafricain des droits de l’homme (OCDH), pour mettre sur pied des brigades de médiation afin de régler les conflits. En même temps, la guerre accélére la prise de conscience sur les actions à mener. Nous nous donnons quatre ans pour consolider des réseaux de gens qui se connaissent sur le terrain et qui pourront œuvrer à la reconstruction et la réconciliation.

Quelles sont les informations qui vous arrivent de Bossangoa ?

Béatrice Epaye, responsable de l’ONG La voix du cœur à Bangui, revient de Bossangoa. Elle signale qu’il n’y a plus de musulmans ni de troupes de la Seleka dans la ville, et que les milices anti-balaka « s’ennuient » commencent à jouer un rôle de « gendarmes locaux » et pratiquent la justice populaire.

Comment expliquer l’état dans lequel se trouve le pays ?

Pour certains, la Centrafrique est piégée par son histoire et par sa position géographique. Un éminent religieux parlait de « mentalité de bout du monde» puisque d’une certaine manière, Bangui représente un terminus au cœur de l’Afrique. La crise de la rébellion Seleka, c’est aussi la crise d’un pays qui a été négligé par ses propres élites, avec des régions déshéritées, en particulier au Nord, qui n’ont pas de routes et que peu d’infrastructures.

Sur quoi faut-il travailler en priorité ?

Sur les préjugés. Les communautés religieuses sont très ignorantes les unes des autres et ne perçoivent pas les souffrances de l’autre. D’un côté, il existe une culture missionnaire très vivace et de l’autre, une majorité d’imams très peu formés. Dans l’ensemble, tous se montrent peu ouverts aux autres. D’où la méfiance et la peur de l’autre qui peuvent prévaloir.

Il faut également s’appuyer sur les gens de terrain. Lors d’un séminaire organisé à Bangui en novembre 2013 par Acord, nous avons été en présence de toute une société, des chefs traditionnels, des représentants d’ONG locales, des cadres de l’administration civile… Ces gens relèvent de la « vraie société » et non des élites. C’est sur eux qu’il faut compter pour la reconstruction du pays.

Propos recueillis par Sabine Cessou

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