Ouverture d’un centre d’accueil pour migrants à Paris, un début de réponse ?
Un centre d’accueil pour migrants, demandeurs d’asile et réfugiés s’ouvre ce jeudi 10 novembre 2016 à Paris, à l’initiative de la ville. Ce centre qui accueillera environ 400 personnes – sans distinction de statut juridique – pour une période de 5 à 15 jours, est une expérience inédite.
Bien évidemment, ce centre ne constitue pas en lui seul une réponse suffisante à l’ampleur des besoins liés à l’arrivée des migrants en France. Sa réussite dépendra en grande partie des efforts consentis par l’Etat pour proposer des vraies solutions de relogement, suite à ces courtes périodes de mise à l’abri. Et en tant qu’acteur de société civile, nous resterons d’ailleurs vigilant sur la manière dont les migrants sont accueillis et sur le fait que ce centre dit de « premier accueil » ne devienne pas un centre de tri qui facilite l’expulsion des migrants sans papiers dans leur pays d’origine ou pays européen de première entrée.
Mais à nos yeux, il constitue bien un début, une tentative de réponse d’une municipalité face à ce drame humanitaire qui se déroule en silence devant nos yeux.
Défini comme un endroit où les gens pourront simplement « manger, dormir, se reposer et poser un regard sur leur situation administrative », le projet de ce centre nous rappelle la Maison des migrants de Gao, au Nord-Mali, un espace où les gens peuvent boire un verre d’eau et se remettre sur pied (à lire ci-dessous). Il nous rappelle encore les « casas de migrantes » qui se succèdent le long du chemin de fer traversant le Mexique du Guatemala jusqu’aux Etats-Unis, des lieux où les migrants peuvent retrouver un peu de dignité.
Le CCFD-Terre Solidaire a toujours défendu le fait que pour parler de développement, il fallait d’abord remettre les gens debout. C’est pourquoi depuis des années, il s’est attaché à apporter un soutien à ces gouttes d’eau qui, mises bout à bout, contribue à redonner un peu de dignité à ces personnes meurtries par leurs parcours.
« C’est notre devoir moral », comme le rappelle la maire de Paris Anne Hidalgo, mais aussi le pape François. Un devoir qui rejoint les préoccupations des citoyens et des populations qui, bien que peu visibles, sont nombreux à ouvrir leur porte, à s’auto-organiser pour apporter repas, couvertures ou encore dictionnaires !
Nous saluons donc cette initiative de la ville de Paris. Nous sommes d’ailleurs convaincus qu’aujourd’hui, les propositions innovantes et les politiques migratoires alternatives viendront des autorités locales. Londres, New York, Barcelone, Madrid, Karlsruhe, Bologne… de plus en plus de grandes villes européennes réinventent la citoyenneté locale et imaginent de nouveaux mécanismes d’intégration (carte citoyenne, conseil participatif, etc.).
De l’autre côté de l’Atlantique, des mégapoles comme Sao Paulo et New York légifèrent pour que les migrants deviennent citoyens dans la ville à part entière.
Ce sont ces initiatives qui peuvent apporter un souffle nouveau, répondre au constat d’échec des politiques migratoires menées depuis des décennies, répondre à l’extrême-droitisation de nombreuses franges de la société.
En construisant des alliances sociétés civiles / autorités locales où chacun se nourrit des expériences de l’autre, une gouvernance alternative des migrations fondée sur le respect des droits fondamentaux des personnes est possible.
Avec nos partenaires et nos alliés, avec ces maisons d’accueil qui ouvrent leur porte chaque jour aux migrants et aux réfugiés, nous, CCFD-Terre Solidaire, réaffirmons que plus que des murs, nous avons besoin de construire des ponts.
avec le CCFD - TERRE SOLIDAIRE
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